Dans quelques jours ma femme et moi seront ensembles depuis 49 ans. Encore une année pour fêter nos noces d’or. Jamais nous aurions pu nous imaginer que cela soit possible. D’autant plus que nous avons abordé notre hyménée d’une manière non-dogmatique. Nous sommes partis du principe que l’amour ne s’apprivoisait pas et que nous devions nous soumettre à lui, que ce seraient nos sentiments mutuels qui dicteraient notre manière de vivre, qui décideraient de la pérennité de notre mariage. Je ne sais pas si Facebook est la plateforme idéale pour exprimer son amour, mais tant pis, je ressens le besoin de le faire. Je considère que nous avons eu, ma femme et moi, la chance de pouvoir vivre une telle existence, où les sentiments ne se sont pas altérés. Pour nous tout était ouvert dès le début. Nous nous sommes dits que nous avions droit à l’erreur, aussi à l’échec, c’est peut-être la raison pour laquelle notre couple a tenu si longtemps. Il n’était pas question de vivre sous la contrainte, de se dire que le but était le maintient de nos rapports. Nous avons eu l’ambition de mettre la liberté en tête de peloton. Il n’étais pas question de devenir esclaves de notre couple. Je m’explique : Nous considérons jusqu’à ce jour, que la liberté individuelle est un bien inaltérable, qu’elle est le fondement de la vie. Cela implique le respect individuel. Nous avons toujours considéré que l’amour ne pouvait pas jouer le rôle d’un négrier. Qu’il n’avait pas le droit d’imposer une manière de vivre qui remettrait en cause l’indépendance individuelle. Il est pour nous inconcevable que l’amour devienne dominateur, qu’il jette par-dessus bord toute humanité ! Nous avons eu la chance de ne pas être infesté par la jalousie, qui détruit tous sentiments intimes, qui de pas sa nature est dévastatrice. Non, nous avons tout fait pour ne pas être pris au piège par ce fléau. Je ne trouve pas d’autre mot, pour la décrire. 49 ans de lutte mais aussi de bonheur. J’aime ma femme tout autant aujourd’hui qu’au début de nos relations. J’éprouve pour elle des sentiments que je ne saurais décrire, car ils sont un subtil mélange d’amour et de respect. J’apprécie son indépendance d’esprit, sa totale probité. Il ne s’agit pas pour elle de faire de grands discours, mais seulement d’aborder le quotidien avec la certitude que nous sommes faits l’un pour l’autre. Hier, j’ai pris mon petit-déjeuner avec mon ami Georg, comme nous le faisons chaque dimanche. Nous avons abordé la question de la mort. Un sujet douloureux mais que je ne peux pas escamoter, car il fait partie de la vie. Je sais que l’échéance du grand départ se pointe à l’horizon. Je le crains comme tout être humain, mais je me dis que c’est une bénédiction que Dieu nous ait donné l’occasion de nous aimer depuis si longtemps. Que ce serait un péché de ne pas être reconnaissant. Une attitude qui me permet de mieux supporter une telle réalité. Mais je pense qu’il serait bien plus grave de vouloir l’ignorer. Ce serait en quelque sorte un déni de notre amour. Une attitude que ma fille apprécie, car elle sait bien que sa mère a subi 1989 une attaque cérébrale si grave, que les pronostiques vitaux étaient plus qu’inquiétants. Ma femme a aujourd’hui 87 ans et se sent bien. Elle a une grande peine à se mouvoir, mais elle prend son handicape sans hargne, sachant qu’elle est une rescapée !
pm