Le PS portugais a remporté près de 37 % des voix aux législatives qui ont eu lieu hier. Le premier-ministre sortant, Antonio Costa, a réussi l’impossible. Au bord de la banqueroute en 2010, le pays est ressorti de ses cendres, sans acculer ses citoyens à la misère, comme cela a été souvent le cas en Grèce. Un pari à première vue utopique. Il a réussi à relancer l’économie. Les investisseurs n’ont pas fait la sourde-oreille, au contraire. Un secteur comme le tourisme boom actuellement. Sa réélection est plus que méritée. En s’alliant avec la gauche, il ne se renie pas. Il ne se soumet pas à des compromis, qui pour les partis-frères un peu partout en Europe, sont du poison. Que ce soit en France, où le PS est passé aux oubliettes ou en Allemagne, où le SPD risque de le suivre. Antonio Costa n’est pas sombré dans le triomphalisme après sa victoire, fils d’une famille de Goa, aux Indes, il est un fin politique. Il est connu comme étant un négociateur hors-paire. L’ancien maire de Lisbonne est pour les socialistes un fanal. Peut-être la preuve que tout n’est pas perdu pour eux. Il a déclaré hier soir : « Nous sommes conscients que le contexte international nous met face à des défis importants. Il y a des réalités qu’aujourd’hui, personne ne peut ignorer, comme les bouleversements climatiques qui imposent des décisions urgentes et déterminantes pour notre futur et exigent une stabilité politique ».
Est-ce la preuve que faisant la synthèse entre le pragmatisme et un équilibre social, il est encore possible de glaner des voix ? Est-ce un déni du tout ou rien, comme le préconisent les Gilets jaunes ? La preuve qu’il faut prendre compte de la réalité d’une part, sans pour autant perdre son âme. C’est probablement la clef du succès des socialistes portugais. Lorsque pour l’avenir Antonio Costa parle de stabilité, il dit probablement qu’une vérité de la Palice, mais il faut se rendre à l’évidence, que le temps des rêves est révolu par les temps qui courent. Est-ce une qualité de ce pays d’être un peu fataliste ? La mélancolie est une caractéristique du Fado. Elle peut sembler paralysante, mais empêche les citoyens de se propulser dans des visions insensées et de garder les pieds sur terre. Peut-être que le pragmatisme, malgré l’aspect sentimental de l’âme portugaise, l’emporte au bout du compte. Aller de l’avant sans se renier, il faut y arriver. Les électeurs ont sûrement compris qu’il fallait mettre le pied à l’étrier pour réussir. Que toute dérive dans le blues ne pouvait qu’amener le pays à sa perte, comme cela avait été le cas en 2010. Quelle est la leçon à tirer pour les hommes et les femmes de la gauche européenne ? Que ce qui semble perdu aujourd’hui à tout jamais, peut s’avérer comme la base d’un nouveau départ, à condition d’avoir des visionnaires à sa tête, non pas des épiciers ! Une bonne gestion ne suffit pas d’enflammer les foules. Je connais trop peu Antonio Costa pour juger s’il a ces qualités, mais il semble qu’il ait tout fait juste jusqu’à présent. J’ai émis à bien des reprises l’opinion que le paysage politique ne pourrait plus être composé de partis issus du passé. Serais-je parti trop vite en besogne ? Faut-il se méfier plus des novateurs ? Je pense qu’Emmanuel Macron est en train de s’apercevoir, que sa dérive droitière, ne lui a pas forcément fait du bien. Suivra-t-il l’exemple d’Antonio Costa ?
pm