À l’occasion de la libération de Bormes-les-Mimosas il y a 75 ans, à deux pas de la résidence de villégiature du Président de la république de Fort Brégançon, Emmanuel Macron a prononcé un discours, entamant ainsi la rentrée. « Notre pays parfois se divise, nous avons connu ces derniers mois des moments difficiles, de divisions, dont il faut savoir sortir, Il y a parfois des bonnes raisons d’être en désaccord, et il faut les respecter. Il y en a d’autres qu’on peut contester, il faut toutefois savoir les entendre. » Ce sera la ligne qu’il suivra jusqu’à la fin de son mandat. C’est un appel pour rejeter la résignation à l’aide de la réconciliation. Un appel que je trouve impératif, étant moi-même sujet de plus en plus au doute, parfois même au désespoir de voir dans quelle direction nous nous dirigeons. Moi qui est toujours combattu la mentalité « après moi le déluge », me vois parfois baisser la tête par lassitude. Il est vrai que nous nous trouvons de plus en plus confronté à un combat de sourds, où personne ne veut écouter son adversaire. Il est vrai que j’attends un tout petit peu de soleil, mais pourra-t-il se faufiler entre les nuages menaçants qui obstruent la vue sur un avenir meilleur.
La « crise profonde réside aussi parfois dans l’oubli du courage, dans l’esprit de résignation et les petits abandons » a ajouté le Chef de l’État. Un phénomène palpable en Allemagne, où les gens essaie d’oublier en essayant de faire la belle vie. Mais il est certain que beaucoup d’entre-eux voient une situation sans issue, sachant que les élections régionales au Brandebourg et en Saxe le 1er septembre seront un coup de semonce risquant de précipiter la République Fédérale dans le blues. La montée irrésistible de l’extrême-droite et sa frange néonazie est certainement le résultat de l’esprit de résignation qui règne dans ce pays. Contrairement à la France, il n’a pas eu d’électro-choc, causé comme on le sait par le mouvement des Gilets jaunes. Tout se déroule outre-Rhin dans une ambiance de torpeur, où le glauque domine. De la résignation de mauvais aloi, qui me fait peur. À force de vouloir que de l’extérieur tout doit avoir l’air nickel, on ignore la réalité et elle n’est pas reluisante dans le pays de Goethe. J’ai moins d’inquiétude au sujet de la France au moment, où j’écris ces lignes. Je pense que l’esprit frondeur à le mérite de percer certaines tumeurs. Pas une situation toujours agréable comme nous l’avons vu au cours de l’année passée, mais qui a le mérite de servir d’exutoire. Le calme-plat avant la tornade est bien plus dangereux que les manifestations du samedi organisées par les Gilets jaunes, car il a un caractère prémonitoire pour tous ceux qui le ressentent tactilement. Je trouve juste qu’Emmanuel Macron entame la rentrée sous un tel aspect. Pour voir l’avenir avec un certain espoir, il n’y a pas d’autres solutions que de se réconcilier. Sinon tout risque de partir à la débandade, laissant place à une anarchie, dont les retombées peuvent être destructibles. Ce serait du suicide de vouloir s’enferrer dans la haine. C’est ce qui risque d’arriver d’ici peu en Allemagne, avec ses conséquences pour l’UE. Et comme on le sait elle rend aveugle. Me suis-je résigné au point de croire qu’il n’y aura pas de rebond ? Je crains que oui, c’est ce qui m’angoisse.
pm