Qu’il soit dit, le cannabis n’est pas anodin. C’est un stupéfiant, qu’on le veuille ou non. Il est pourtant utile dans le domaine thérapeutique. Dans mon cas, le médecin-chef de la clinique contre les douleurs, où je me suis rendu à Munich, s’était posé la question s’il pouvait m’aider. Depuis qu’il est légalisé en Allemagne, notamment dans son emploi thérapeutique, il est de plus en plus utilisé. Dans mon cas il donna la priorité à la morphine, partant du principe qu’elle correspondait plus à mon désir de pas être high, de garder toutes mes facultés intellectuelles. C’est le choix que je fis, sachant bien que le cannabis est très efficace chez bien des patients et qu’il les avait libéré d’une partie de leurs tortures. Il est aujourd’hui connu que l’herbe est moins nocive que le tabac ou l’alcool. Mais alors pourquoi a-t-on en France tellement de mal à libéraliser sa consommation ? Pour avoir tourné bien des films ayant comme sujet la toxicomanie, il est connu qu’il est une entrée dans le monde des stupéfiants. La plupart des jeunes que j’ai rencontré, ont été tentés par des drogues plus dures que le cannabis, espérant ainsi avoir encore plus d’hallucinations. Souvent des produits designs qui sont terriblement nocifs. En ayant passé par l’héroïne, certaines fois par la cocaïne, ils se retrouvent confrontés avec de la méthamphétamine qui détruit les cellules nerveuse. J’ai rencontré à Amsterdam des jeunes filles anglaises, qui avaient perdu leur raison. D’après le neurologue qui nous avait accompagné, elles ne se remettront pas.

Pour pouvoir émettre un jugement concernant la libéralisation de l’utilisation du cannabis, il faut aussi tenir compte de ce phénomène psychologique. L’herbe permet à celui qui l’utilise d’avoir une approche moins restrictive de l’utilisation de la drogue dans son ensemble. Si on veut analyser les réticences qu’une libéralisation amènent, il n’est intellectuellement pas correcte, de considérer uniquement ses effets immédiats. Il est exact que le cannabis présente moins de dangers que la nicotine par exemple. Mais malgré tous les arguments que j’ai apporté en faveur de l’interdiction, je suis pour sa libéralisation, pour que sa vente et son utilisation soient légales. La raison essentielle de mon revirement est que je considère toutes formes de prohibition comme étant contre-productive, car elle incite à goûter au fruit défendu. Cela serait aussi une entrave au trafic de drogue. Bien des produits mis sur le marché, ne sont pas purs, lorsqu’ils sont vendus sous forme de pilules ou de sérum. En ce qui concerne l’herbe, il y a effectivement moins de danger, car elle est offerte généralement sous sa forme naturelle. Il y a encore un argument de taille en faveur d’une vente libre, la lutte contre la criminalité. Il est évident que lorsqu’il y a prohibition le prix de la drogue peut être vertigineux, que pour pouvoir s’en procurer, les junkies doivent passer à l’acte, que ce soient les vols ou les agressions à main-armée. Dans les villes, où la distribution de l’héroïne est organisée par des officines d’État, la criminalité a fortement baissé. Mais pour moi cela ne peut pas être l’argument principal. Il ne peut pas être question de libéraliser un poison, afin de préserver le calme, de permettre aux bourgeois de se sentir plus sûrs. Il en va pour moi avant tout de l’équilibre mental des consommateurs, de leur santé.

pm

https://www.nouvelobs.com/societe/20190619.OBS14590/l-appel-de-70-medecins-elus-economistes-pourquoi-nous-voulons-legaliser-le-cannabis.html

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