Jean Willot, professeur des écoles à Eaubonne en Val d’Oise, a mis le 15 mars fin à ses jours après avoir été accusé de violences sur un élève de 6 ans. Il lui avait demandé de ne pas s’asseoir sur les marches conduisant à l’école. Dimanche plusieurs centaines de personnes ont défilé dans les rues de la petite ville pour rendre hommage au défunt. Sa famille conteste qu’il y ait eu un acte physique. Il ne s’agissait que d’une punition verbale. D’après eux cet homme de 57 ans n’aurait jamais pu s’en prendre à enfant. Ce n’est pas un cas isolé. Pas mal d’enfants sont conscients qu’ils peuvent exercer des pressions sur les enseignants en racontant des légendes, notamment lorsqu’il s’agit d’attouchements. Il est évident que depuis les révélations de plus en plus nombreuses d’actes pédophiles le métier d’enseignant est devenu de plus en plus difficile à assumer. Lorsqu’un adulte console un enfant en le prenant dans les bras, il peut devenir la cible d’accusations erronées, qui peuvent le mener au tribunal. Dans un tel contexte il ne devrait plus montrer d’empathie, être froid comme un iceberg, ce qui rend toute spontanéité obsolète, ce qui est un déni par rapport à tout ce qui touche les rapports humains. Cela a pour conséquence d’isoler les petits. Pour eux il n’y a rien de plus normal que de rechercher un peu de chaleur, lorsqu’ils ont du chagrin. Il ne fait plus aucun doute que le métier d’enseignant est devenu une activité à risques, car à tous moments, des accusations telles que celles qui ont été à la base du suicide de Jean Willot peuvent être lancées. Grégoire Dublineau, le maire d’Eaubonne a déclaré ; « C’est inadmissible, intolérable. Il faut retrouver le sens du respect dans ce pays, celui de nos institutions. Les enseignants sont particulièrement exposés. Cette contestation, pour un oui pour un non, me révolte »
Dans une pétition publiée sur Facebook des professeur ont revendiqué des mesures efficaces pour éviter de telles dérives. « Devant la multiplication de ces plaintes qui entachent très gravement la relation enseignant-parent, qui nuisent à la qualité de notre travail, et qui peuvent engendrer de graves conséquences négatives à titre personnel, nous souhaitons une réaction forte de l’Etat, notre employeur » Il s’agirait pour eux de pouvoir poursuivre juridiquement des parents d’élèves qui utilisent de tels fait pour mettre les professeurs sous pression. Ils revendiquent le soutien des institutions à leur égard. Je ne peux qu’approuver de telles revendications, mais je doute qu’elles puissent être efficaces. Si dans ce cas-là l’enfant s’était suicidé, je ne sais pas où cela mènerait. Mais une chose est à mon avis certaine, c’est la détérioration des relations entre les professeurs et les élèves. Devoir enseigner en sachant qu’à tout moment une épée de Damoclès peut s’abattre sur soi, est une situation insupportable et est une entrave de taille en ce qui concerne la qualité de l’école. La mort de Jean Willot devrait nous faire réfléchir. Je suis le premier à vouloir condamner la violence sous toutes ces formes, mais cela ne doit pas devenir un moyen de chantage. Je pense que les parents devraient signer une charte, où ils s’engagent dans un premier temps de s’adresser à un médiateur neutre qui aura le devoir d’enquêter. Ce qu’il faut éviter à tout prix, c’est une rupture de dialogue.
pm