Hier ont défilé des dizaines de milliers de manifestants de la droite dure et pure et des nostalgiques du Franquisme dans les rues de Madrid, pour protester contre le soit-disant laxisme du premier-ministre Pedro Sanchez, déployé au cours des négociations avec les autonomistes catalans. Le socialiste essaie de trouver des solutions qui pourraient éviter un divorce définitif. Il ne veut pas mettre encore plus d’huile dans le feu et essayer de trouver pour la Catalogne un statut d’autonomie ressemblant à celui du Pays Basque. Je suis d’avis qu’il agit avec sagesse, car comme le Brexit le prouve, il est impossible de garder quelqu’un de force dans un couple en pleine crise. J’ai écrit à maintes reprises que je n’appelais pas de mes vœux une désintégration de l’Espagne, car elle amènerait une atomisation de l’UE, ce qui l’affaiblirait encore plus. Dans le contexte actuel de la politique mondiale, il faut éviter à tout prix un régionalisme institutionnel, qui nous séparerait plus qu’il nous unit. Bien que je sois pour une politique de proximité, je dois reconnaître qu’il ne faut pas mettre sur le ballant l’unité européenne. Elle est déjà assez fragilisée par le départ du Royaume Uni de l’UE. C’est un processus qu’il faut à tout prix stopper, sinon il se pourrait bien que tout ce que nous avons bâti depuis la fin de la seconde guerre mondiale s’effondre comme un château de cartes.
Manuel Valls, depuis qu’il a retrouvé sa fibre ibérique, a toujours répété qu’il s’opposait à une Catalogne indépendante. Mais est-ce une raison de défiler avec les néofascistes comme il l’a fait ? L’ancien premier-ministre souille par opportunisme, qu’il le veuille ou non, la France, ce que je ne veux en aucun cas accepter. Il est, vu son passé, encore une personne publique, pas un citoyen normal comme toi et moi ! Sa manière de renier le socialisme démocratique, qui a été à la base de sa carrière, est nauséabond. Je ne peux qu’exprimer mon dégoût face à une telle attitude que je condamne. Il y a des limites à ne pas dépasser ! Même si les options du PS ne sont plus les miennes, je ne me verrais pas en mesure de lui cracher dessus. J’ai rendu ma carte de membre, rien de plus, rien de moins. Manuel Valls, qui a fait carrière grâce à lui, suit une démarche d’un opportunisme défiant tout sentiment d’honneur. Lorsque je pense à lui, Marcel Déat me revient à l’esprit. Cet ancien socialiste qui est devenu une des figures principales de la Collaboration a suivi une démarche analogue, que celle que pourrait suivre l’ancien premier-ministre, s’il continue ainsi. Je refuse de le croire, car cela fait mal, mais je ne pourrais pas mettre ma main au feu. Cela est plus que décourageant lorsqu’on sait que ses parents se sont réfugiés en France, car ils étaient poursuivis par des personnes identiques, que celles qui ont participé à la manif de Madrid : des fascistes dans l’âme. Il est évident que si la politique prend un tel visage, elle est plus crédible. Manuel Valls pourrait être un de ses fossoyeurs, s’il continue ainsi à cautionner indirectement le totalitarisme. Il prétendra que ce n’est en aucun cas son intention, qu’il reste fidèle à lui-même, à ses options politiques. Tous ceux qui changent ainsi de bord, en font de même. J’aimerais lui dire : « Change de cap avant qu’il ne soit trop tard ! » Mais je doute fort qu’il prenne en compte de telles recommandations !
pm