Je vais mettre un bémol en ce qui concerne la légalisation à l’usage récréatif du cannabis au Canada. J’avais un ami, qui est malheureusement mort depuis longtemps, qui était un des grands pontes de la lutte anti-drogue en Europe. Il était un médecin reconnu dans les milieux scientifiques. Rolf allait à contre-courant de l’avis général que le cannabis était moins nocif que le tabac ou l’alcool. Il a reconnu que cela pouvait être le cas en ce qui concerne la marihuana en elle-même, mais elle était à son avis le point de départ d’une « carrière » d’un junkie en herbe. La plupart des consommateurs du cannabis n’en restent pas là. Ils touchent à des drogues plus dures comme l’héroïne ou le crystal-meth par exemple et se ruinent ainsi la santé. C’est la raison pour laquelle, cet homme ouvert au monde, n’était pas favorable à la libéralisation de la marihuana. Il me mit en garde contre les effets psychiques que cela pouvait avoir. C’est un point de vue que j’ai partagé lors de mes reportages concernant la drogue. Dans ce cadre-là je me souviens d’un séminaire organisé par une fondation politique en Allemagne. Le représentant d’une organisation prônant la libre-vente des stupéfiants pour contrecarrer la criminalité était un des orateurs. Il était du point de vue qu’il fallait couper l’herbe sous les pieds des trafiquants, un avis que partage Justin Trudeau, le premier-ministre du Canada. Mais a-t-il réfléchi que cela se fait au détriment de personnes labiles psychologiquement ? Vouloir ainsi combattre la criminalité sur le dos des plus faibles, n’est pas à mon avis une solution valable du point de vue éthique. Je suis bien sûr pour un combat dur contre les cartels de la drogue, mais vouloir employer la légalisation comme arme, je n’arrive pas à l’accepter.

Ne croyez surtout pas que je suis ringard, mais pour moi l’individu aura toujours la priorité. Je l’ai démontré contre l’emploi du diesel en ce qui concerne la pollution, même si cela pouvait avoir pour prix une perte d’emplois. J’ai trop vu l’effet néfaste que les drogues dures pouvait avoir. J’ai rencontré des jeunes femmes, que ce soit à Amsterdam, Francfort ou Milan, dont les cellules nerveuses avaient été partiellement détruite dans le cerveau. Elles ne retrouveraient plus jamais leur raison. Pour elles la seule solution ne pouvait qu’être l’overdose. Qu’on ne parle pas des drogues de « divertissement » comme la cocaïne, l’ecstasy ou d’autres, qui ont comme objectif de provoquer de la « bonne humeur ». Qu’on le veuille ou non c’est du poison. Pourquoi alors marquer sur les paquets de cigarette, que le tabac peut entraîner la mort et faire des louanges en ce qui concerne le cannabis. « Je t’assure, il fait moins de mal que les clopes ! » Une remarque que j’entends constamment autour de moi. Mais il n’est pas correct d’escamoter ses effets psychologiques. Comme patient étant forcé de prendre des opiacés pour avoir moins de douleurs, je me suis demandé si je ne faisais pas mieux de prendre du cannabis à l’usage médical ? Cela aurait-été une solution, mais j’y revins de peur de vivre constamment dans le brouillard. Pour moi l’utilisation de mes méninges était de loin plus importante qu’un sentiment de bien-être qui ne correspondait pas à mon caractère, car il était factice. Non je ne voulais pas devenir dépendant d’une drogue, qui aurait pu m’amener je ne sais où ?

pm

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/04/14/si-le-debat-sur-la-depenalisation-du-cannabis-etait-une-conversation-sms_4902252_4355770.html

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