Volker Kauder, chef depuis 13 ans du groupe parlementaire de la CDU/CSU au Bundestag, a été évincé hier après-midi de son poste par Ralph Brinkhaus par 125 voix contre 112. Un revers de taille pour Angela Merkel qui perd ainsi un confident, un homme qui lui a laissé le champ libre dans l’hémicycle. Cet évènement est un signe évident que la Chancelière est entrain de perdre son autorité auprès de ses amis politiques. Ce qui se passe ici est un fin de règne. Après le cafouillage de ces dernières semaines, ce n’est pas étonnant. La fronde continuelle de Horst Seehofer, le ministre de l’intérieur et président de la CSU a laissé des traces qui ont affaibli le gouvernement. Le peuple allemand observe son pugilat avec de plus en plus d’hostilité. Il ne supporte pas le déclin qui s’est amorcé à la tête de l’État. Une fois de plus il est à la recherche de la personnalité ou du parti qui pourrait lui donner satisfaction, mais il n’y a rien à l’horizon. Pour marquer son désappointement, il serait enclin à donner de plus en plus de voix aux néofascistes de l’AfD, qui prétendent vouloir restaurer l’autorité dans ce pays en pleine dérive. Comme le loup qui s’est roulé dans la farine, ce parti prétend représenter un conservatisme bourgeois. Mais cela est peu crédible, car ses leaders n’hésitent pas à prononcer des paroles racistes et discriminatoires. En ce moment l’AfD se trouve en deuxième position avec 18 % s’il y avait des élections dimanche prochain.

Revenons à Volker Kauder. Après les élections du 24 septembre 2017, où sa formation se retrouva avec 33 % des voix au lieu des 41,5 % en 2013, sa réélection avait été difficile. Il n’obtint que 77 % des voix de ses collègues au lieu des 90 % qu’il eut dans le passé. Cela avait déjà été un avertissement à Madame Merkel, qu’un certain nombre de députés rendirent responsable du revers des deux partis conservateurs. En votant pour Ralph Brinkhaus, un spécialiste des finances et dans la vie civile un fiduciaire, le groupe parlementaire a voté pour un homme bien plus jeune que Volker Kauder. Il a dix neuf ans de moins que lui. Ses collègues attendent de ce quinquagénaire qu’il donne à leur formation une énergie nouvelle. Beaucoup d’entre-eux craignent pour leur carrière. Les sondages, en pleine crise due à l’affaire Maaßen, créditaient la CDU/CSU de 28 % des voix, ce qui serait un désastre. 13,5 % de moins que pendant la période électorale précédente. Que faire ? Personnellement je ne vois pas comment Angela Merkel pourra reprendre du poil de la bête. Elle me semble lasse. Je pense qu’au fond d’elle-même elle ressent du regret d’être restée au pouvoir. Ce qui est inquiétant dans tout cela, il n’y a aucune personnalité qui serait en mesure de reprendre le témoin. Elle a fait table-rase au sein de son parti, de tous les concurrents potentiels, qui ont quitté la politique. Maintenant il n’y a plus que le vide. C’est probablement la raison pour laquelle le groupe parlementaire s’est révolté contre elle. A-t-il l’espoir qu’avec Ralph Binkhaus un nouveau type de leader puisse émerger ? A-t-il la stature nécessaire pour mener à bien une réforme de fond de son parti ? L’avenir le dira. Pour l’instant il n’y a que de la grogne, pas de bonnes conditions pour le maintien au pouvoir de la grande coalition. Nous devons nous attendre à de la tempête !

pm

https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/09/25/desaveu-pour-angela-merkel-au-bundestag_5360124_3214.html

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