Hier soir a eu lieu à Chemnitz un concert gratuit donné par les musiciens allemands les plus cotés au box-office, comme réponse au néofascisme qui perturbe actuellement la vie politique, en particulier en Saxe, Plus de 65000 personnes s’y sont rendues et ont fait des dons pour la famille de la victime de l’altercation qui a déclenché le pogrom du 27 août. Je tire mon chapeau envers eux, car ils ont rendu possible une réaction, qui se laissait attendre. La politique devrait en prendre de la graine. La démonstration qu’il ne suffit pas seulement de déplorer telle ou telle situation, mais qu*il faut agir. Donner à tous ceux qui sont épris de liberté la possibilité d’exprimer leur désarroi, leur frustration envers le laxisme général qui règne, lorsqu’il est question de l’obscurantisme. Mais il ne faut pas se reposer sur ses lauriers, car la situation reste des plus tendues. Les nouveaux länder restent très fragiles en ce qui concerne la tentation de trouver leur bonheur dans le radicalisme. Depuis la chute du mur de Berlin, les gens ont eu de la peine de vraiment accepter les règles de la démocratie, car beaucoup d’entre-eux ne la trouve pas assez efficace. Il est vrai que l’économie dans bien des cas stagne, parfois même elle est en régression. Les transfuges de l’année 1989 ont dû se rendre à l’évidence qu’on ne leur ferait pas de cadeaux, ce qu’ils attendaient peut-être, mais que seul le labeur et la discipline pouvaient leur donner un avenir meilleur. Ils ont été pendant les années « RDA » des assistés, des assistés à petite-flamme, qui pouvaient vivre leur train-train quotidien sans se faire trop de soucis ? La condition : Se mettre à plat-ventre devant le régime, ce qu’ils ont fait pendant des années. Ils ont repris à 100 % l’attitude des citoyens qui ont vécu le nazisme. La boucler, regarder ailleurs lorsque des personnes indésirables étaient déportées. Des adeptes d’un État félon, qui n’hésita pas à tuer l’âme de ses habitants. Cette façon de faire est restée ancrée dans les esprits.
On se remet à l’État et c’est lui qui règle tout. Un totalitarisme qui va dans le sens des néonazis et de leurs mentors que sont les formations d’extrême-droite, comme l’AfD ou le Pegida, ce mouvement xénophobe qui incite les braves Allemands à la ratonnade contre les étrangers, en particulier les gens de couleur. Le concert de hier soir à Chemnitz a eu comme but de démontrer qu’il se trouvait encore une majorité qui refusait d’être mise sous le joug des activistes hitlériens. Je pense que ce rassemblement a été un électrochoc pour moi. Il est six heures et quart. Le jour se lève à Berlin. En regardant à l’extérieur de la fenêtre de la chambre de mon petit-fils, où nous dormons, je vois un immeuble. C’est de là que ma fille a été menacée de mort, car elle est du type méridional. On lui a fait comprendre qu’une vermine comme elle, ne méritait que la chambre à gaz. Peut-être qu’un fait-divers, mais le miroir de ce qui se passe journellement en Allemagne. Comme le concert l’a prouvé, une grande majorité s’oppose à de telles agissements, mais elle a de la peine à se manifester. Les musiciens ont eu le courage de dire haut et fort ce qu’ils ont sur cœur. Grand bien leur fasse ! À nous de reprendre le flambeau !
pm