Il y a des situations morales et politiques, où il faut nager à contre-courant. Cela a été le cas du sénateur John McCain qui vient de mourir et à qui je rends hommage. Un homme intègre, dont je ne partageais pas forcément les opinions, mais qui avait eu le courage de mettre l’intérêt de son pays en première place et non pas des considérations partisanes. C’est lui qui fit échouer la volonté de Donald Trump d’éliminer le Obama-care. Des millions de démunis peuvent lui en être reconnaissants. Le Pape François se trouve dans une situation similaire en ce qui concerne la pérennité de l’Église. Avec les dernières révélations de violences sexuelles en Pennsylvanie, où 300 prêtres sont impliqués, le Pape a en prélude à son voyage en Irlande exprimé la honte qu’il éprouvait face à l’échec de l’Église. Une déclaration qui pourrait avoir des implications vitales pour le catholicisme dans son ensemble. Elle remet en question l’infaillibilité d’une hiérarchie qui a profité de son pouvoir pour salir ce qu’il y a de plus précieux dans la nature humaine, celle de l’intégrité de l’individu peu importe son âge et sa position dans la société. Elle a profité sans l’ombre d’un scrupule de sa vulnérabilité. Elle n’est évidement pas la seule. Aussi des pasteurs protestants sont impliqués dans ce déni complet de l’Évangile. Le pape François se rend parfaitement compte que ce qui se passe en ce moment est plus qu’un délit de droit commun. Lors de son voyage en Irlande qui prend son terme ce dimanche, il a dû se rendre compte que plus rien ne sera comme avant. Il ne s’agit pas pour lui de faire acte de résistance, mais de remettre en question, comme le Président Gorbatchev, le fondement politique, de l’éliminer le cas échéant.
L’Église est arrivée à un point de non retour, où il ne suffit plus d’envoyer l’un ou l’autre au « casse-pipe ». Il serait grand temps de faire une révolution qui consisterait dans un premier temps à reconnaître le principe de la démocratie et du contrôle qu’elle peut exercer, si elle fonctionne correctement, sur ses édiles. Le totalitarisme de l’Église est d’un autre temps, d’autant plus qu’il a complètement failli. Il est de même inconcevable que Curie continue à discriminer les femmes. C’est la preuve que le principe de l’égalité, qui devrait être le bréviaire de chaque chrétien, soit enfin appliqué. Mais cela ne pourra pas se faire sans la volonté de faire le ménage, soit de mettre à pied la hiérarchie, de la déconnecter afin de faire les réformes nécessaires. Toute l’intégrité de l’Église en dépendra. Le pape François ne peut plus prendre de demi-mesures. Il sera forcé de prendre des décisions radicales. Tout cela sera contrecarré par les traditionalistes qui ont aujourd’hui les rennes du pouvoir et qui sont les propagateurs du fascisme clérical en Europe dont sont issus des Matteo Salvini. Cela ne m’étonnerait pas que cela aboutisse sur un schisme. Peut-être le seul moyen de l’éviter serait la tenue d’un concile, mais je crains qu’il soit trop tard. Que faire ? Je pense que c’est du devoir de chaque croyant de prendre position, de soutenir le pape François dans la démarche qu’il devrait entreprendre. Quitter l’Église serait laisser place aux pharisiens, ceux qui dansent autour du veau d’or. J’essaierai d’approfondir ce thème dans quelques jours.
pm