Lors de sa visite au Portugal, Emmanuel Macron a parlé d’une Europe trois vitesses. La première concernerait la participation des pays étant à l’heure actuelle euro-septiques. Ils devraient s’engager à reconnaître les règles suivantes : « Union de valeurs, de principes démocratiques et de libertés économiques », « quelque chose entre l’UE et le Conseil de l’Europe actuels ». Ce serait la reconnaissance des valeurs fondamentales, rien de plus, rien de moins. Si je comprends bien cela inclurait la libre circulation des hommes et des marchandises. Le second cercle consisterait en un « marché unique fort », « quelque part entre l’UE et la zone euro actuelles ». Celui-ci devrait être actif avant-tout dans les domaines « militaires, commerciaux ou numériques » et garantirait « une vraie liberté de circulation en son sein ». C’est à dire légiférer dans le but d’améliorer l’ordinaire de ceux qui habitent ailleurs. Le troisième cercle serait celui des pays étant d’accord d’aller encore plus loin, ils seraient « le cœur du réacteur », « avec un marché du travail beaucoup plus intégré », une « convergence sociale » voire une assurance chômage commune. Le « cœur d’une Europe des peuples plus intégrée, qui est allée au bout de la logique de la zone euro » La France et l’Allemagne en feraient parties. Même si je souscris à ce schéma, je me dis que cela pourrait causer bien du désordre. Il y aurait des pays, malgré leur réticences, qui seraient vexés de ne pas appartenir au cercle supérieur, Que faire s’ils se décident d’entrer plus ou moins de force dans groupe, afin de torpiller tous les progrès ? Est-ce aux autres membres à décider qui serait apte ou non à prendre des responsabilités ?

J’ai de grands doutes à ce sujet. Je crains que nous entrions dans la logique de la tour de Babel, qui au bout du compte a vécu le destin que nous lui connaissons, celui de la destruction. Il faudrait agir avec beaucoup de sensibilités. Je suppose qu’il sera question de remplir certaines conditions pour être classifié dans tel ou tel groupe. Mais qui validera ou non ces demandes ? La preuve qu’il est plus facile d’écrire sur un papier de telles idées que de les mettre en pratique. Cela m’étonnerait qu’une majorité de pays donnent son aval à un tel projet, à moins de ne se pas faire une idée de ce que cela pourrait représenter. Je peux bien m’imaginer que les critiques cibleraient avant tout le couple franco-allemand, à qui on reprocherait d’avoir des vues hégémoniques, celles de vouloir diriger l’UE. Une fois de plus on a négligé l’aspect psychologique qui dans ce cas-là se trouve au premier rang. Qu’on le veuille ou non, le pragmatisme et le bon-sens ne s’accordent pas obligatoirement à la logique. Je pense que la Pologne, par exemple, considérerait comme un camouflet d’être classée dans le premier cercle de ce schéma. Nous aurions de quoi évoquer les mesures totalitaristes qu’elle a prises pour la justice et les médias, le gouvernement polonais prétendrait qu’il n’a d’aucune manière blessé les statuts de l’UE. Je ne suis pas de ceux qui se satisfont avec des compromis plus ou moins boiteux, mais si on veut appliquer à la lettre les propositions d’Emmanuel Macron, il faudra s’attendre qu’il y ait de la casse.

pm

https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/07/27/l-europe-a-trois-vitesses-d-emmanuel-macron_5336835_3214.html

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