Une fois de plus une affaire dément ce que je nommerais la dialectique de l’excellence. Je m’explique : Ce sont des faits qui au cours d’un mandat présidentiel arrivent immanquablement car nous avons affaire à des rapports humains et non pas à un organigramme anonyme et rigide à la fois. Je ne veux en aucun cas excuser cet événement déplorable, mais essayer de le comprendre. Nous nous trouvons en présence d’une jeune militant, probablement de la première heure, de la France en marche. Un homme qui a pris l’initiative de s’occuper de la sécurité du candidat Macron. Pas une besogne de tout repos. Mais qui permet d’avoir des rapports assez étroits avec la personne « dont on a la garde ». J’ai connus nombre de politiciens qui avaient des liens très personnels avec leurs garde-du-corps. Comme ils étaient toujours présents, ils faisaient souvent l’amalgame entre leur fonction et leur vie privée. Ils savaient forcément tout sur les activités du politicien, ce qui n’était pas forcément idéal du point de vue de la sauvegarde de la vie intime. J’ai eu un ami, qui a vécu cela pendant des années et qui à la fin de son mandat avait l’impression d’être comme un orphelin, car plus personne le « chouchoutait ». Lorsqu’on passe toutes les minutes de la journée ensemble, on en arrive à des rapports particulier. Alexandre Benalla a sûrement perdu ses repaires entre ses fonctions et le liens d’amitiés qui paraissent jouer un grand rôle dans cette affaire. Je ne sais pas ce qui a pu l’incité à jouer au shérif le 1er mai de cette année. Un coup de folie ? L’impression d’avoir tous les droits ? De pouvoir se conduire comme un hors-la-loi ? Probablement il a été grisé par tout ce qui lui arrivait. Jeune comme il était, arriver à un tel statu n’est pas commun.

Alexandre Benalla, étudiant en droit, était connu comme étant un impulsif. Déjà du temps de PS il avait fait quelques boulettes allant dans ce sens. Un certain temps il avait été le chauffeur d’Arnaud Montebourg et avait provoqué un accident et voulu prendre la fuite. Il a été congédié d’office. Son parcours n’était donc pas inconnu. Je m’étonne que l’Élysée, si tatillon lorsque il s’agit de collaborateurs ait pu passer outre ? C’est-là que nous tombons forcément dans l’irrationnel, celui des rapports amicaux qui dépassent toutes règles établies, Je suis persuadé que ce garçon apportait un peu de vie dans un entourage assez figé, qu’est celui de la présidence. Ce qui peut causer du tort à Emmanuel Macron, c’est le fait de vouloir être parfait, d’aspirer à l’excellence et de le déclarer ouvertement. L’homme de par sa nature à des défauts. Je peu bien m’imaginer dans quel quiproquo il se trouvait. Si Benalla était un de ses amis, comme je le suppose, on ne le laisse pas tomber. Mais c’est justement cela que réclame la fonction d’un chef de l’État, celui de faire fi des liens personnels, si cela peut faire ombrage à son rôle. Il ne sera ni le premier, ni le dernier à vivre une telle situation. Il ne lui reste maintenant plus rien d’autre à faire que de se livrer aux questions des journalistes. Si j’étais à sa place, j’exprimerais ce que je viens d’écrire. Je crois que seule la franchise puisse l’aider à se sortir de ce mauvais pas. Peut-être apprendra-t-il par la même occasion qu’il n’est qu’un homme comme un autre, avec toutes ses qualités et ses défauts.

pm

https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/07/20/le-point-sur-l-affaire-benalla-quarante-huit-heures-apres-les-premieres-revelations_5334207_3224.html

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