Imaginez-vous qu’on frappe à votre porte. Vous entendez des appels au secours de l’extérieur. Et vous ? Vous buvez votre whisky sans broncher en regardant un film à la télé. On nomme cela juridiquement « non assistance à personne en danger ». Matteo Salvini agit de même lorsqu’il annonce vouloir empêcher l’accès aux ports italiens, tout au moins cet été, aux bateaux des ONG transportant des réfugiés. Il prétend que ces organisations sont de mèche avec les passeurs, des criminels qui mettent en danger mortel les migrants, les obligeant à monter dans des barcasses vétustes surchargées et ne pouvant pas tenir la mer, dans de telles conditions. Que penser de tout cela ? Avec l’accord de Bruxelles de hier, il serait possible d’interner les migrants dans camps de l’UE prévus à cet effet ou de les renvoyer en Afrique du Nord, d’où ils sont venus. Comment expliquer le comportement du nouveau ministre de l’intérieur ? Il y a d’une part la peur que l’Italie puisse se ruiner avec tous les réfugiés, celle aussi que l’argent dépensé pour ces malheureux ira aux dépends de l’aide apportées aux pauvres de la péninsule. De l’autre que le peuple descende dans la rue. Je me permets d’évoquer un tel modèle, malgré la participation continuelle de la Legua de Matteo Salvini, à des manifestations xénophobes. Maintenant que sa formation fait partie du gouvernement, il lui en va de démontrer son autorité. Tout ce qui peut faire désordre entrave la marche des affaires. Historiquement il y a une référence. L’attitude des proches d’Hitler envers la SA. Tant qu’elle joua un rôle essentiel pour la prise de pouvoir, on la soutint, mêmes en tenant compte de ses excès et de ses crimes. Le Führer une fois au pouvoir, la désavoua. On n’en est pas loin ! Mais que faire de tous ces déracinés ?
Le conseil de hier a Bruxelles, a esquissé les premiers éléments des mesures à prendre. Les réaliser est une autre paire de manche. Mais il y a aussi un autre élément d’importance. Matteo Salvini a l’intention de prendre le leadership des populistes à l’échelle européenne. Pour réussir ce dessein il doit montrer de la poigne, donner l’impression qu’il ne cédera jamais. La radicalité de son comportement doit en être la preuve. Une internationale des extrémistes de droite est en train de se constituer. Je trouve inconcevable que les démocrates ne montrent pas plus de résistance. Les adeptes de Salvini le considèrent comme un Robin des bois, que ce soit en Italie ou ailleurs. Je pense que la police deviendra moins légaliste en Italie et ailleurs et qu’elle imposera de l’ordre à coups de feu. Cela ne promet rien de bon. Et le peuple ? Il sera de plus en plus manipulé car il aspire à de l’ordre. Que celui représente pour lui moins de liberté, peu importe ! Il semble vouloir se plier à la volonté des nouveaux maîtres, qui eux ne pensent qu’à leur aura. Nous nous trouvons dans une situation des plus délicates. Il faut tenter de ne pas mettre les feux-aux-poudres. Faire des appels à la raison est-ce utile ? Je crains que le train est sorti de gare et qu’il sera difficile de le faire stopper. La seule solution qui reste est de garder son sang-froid. Ne pas métamorphoser un mouvement social en une prise du pouvoir du néofascisme.
pm