Que ce soit en Égypte du temps des pharaons ou dans la Grèce antique, les femmes ont tout fait pour arrêter le temps en se maquillant. La beauté est un fait social de toute première importance, non pas qu’une bagatelle. La recherche d’une jeunesse éternelle, qui aboutit finalement toujours dans un cercueil. Et même-là, pour le dernier voyage, de bonnes âmes cherchent à donner au cadavre un air de jeunesse. De quoi se tordre les boyaux ! Je ne peux pas faire l’apologie de ces crèmes anti-âge, ni les mettre au pilori d’avance. En psychologie il est aujourd’hui connu, que l’aspect extérieur peut-être d’une part un rempart contre des assauts extérieurs, de l’autre un échappatoire, pour larguer le poids des ans, de repousser aux calendes grecques la date d’échéance. Malgré tous les ennuis que les hommes et les femmes subissent, ils s’accrochent à la vie. Est-ce la peur de l’au-delà, de l’inconnu absolu ? Le fait qu’on ne prête qu’aux beaux ? L’industrie cosmétique profite de la peur de la mort, que chacun porte en soi. Un paradoxe ? Je ne le crois pas. Dès la naissance, le premier jour d’une course qui ne peut qu’aboutir au décès, nous essayons de mettre le facteur temps sous cloche. Il nous poursuit sans arrêt et peu transformer l’existence en un calvaire. Et c’est justement là que devrait intervenir la psychologie, elle aussi un maquillage, celui de l’âme.
L’anti-âge n’est pour moi pas concevable sans une prise de conscience intérieure du pourquoi. Il est phénoménal d’observer l’état du psychisme et ses incidences à l’extérieur. La coquetterie fait aussi partie des thérapies, notamment chez les junkies. Du fait de la prise de drogue, ils se négligent souvent, ont des dents abîmées. Une des premières mesures après le sevrage, est de corriger l’aspect extérieur du patient. Dans ce cas-là la beauté retrouve ses lettres de noblesse. Elle est le miroir de ce qui se passe dans le cerveau d’un client. Mais si on en reste qu’à se passer de la crème sur le visage, cela ne suffira pas de rendre belle une femme. Ce qui compte aussi, c’est la beauté intérieure, celle guidée par son âme. C’est-là qu’il faudrait commencer. Ne nous faisons pas d’illusions, le maquillage restera toujours un masque, il reproduit autre chose que ressentent les personnes concernées. C’est, que l’on veuille ou pas, une comédie, une manière de monter sur les planches et de jouer un rôle qui ne correspond pas forcément à la nature du comédien. Et justement c’est de cela qu’il est question. Si le fait d’inventer un personnage peut aider, il ne faudrait pas s’en passer. Lorsqu’il est question du thème beauté, je ne peux pas m’empêcher de penser à la cantatrice Elisabeth Schwarzkopf. J’étais assistant-metteur-en-scène lorsque je l’ai rencontrée. Elle devait avoir plus de 60 ans. « Dans le civil », elle ressemblait plutôt à une femme de son âge que de celui du rôle qu’elle devait jouer. Puis une fois sur scène, la grande métamorphose. Un être émouvant d’une beauté à vous faire perdre les gonds. Du grand art, qui correspondait aux sentiments qu’éveille en moi la musique. Totalement fascinant ce qu’elle réussissait à faire. Un appui essentiel pour faire revivre son rôle. Mais l’anti-âge ne remplacera jamais le rire, le meilleur moyen d’être beau !
pm