L’avantage d’un commentateur est de pouvoir se laisser aller, de ne pas être obligé de prendre des pincettes pour exprimer sa colère. Il est habilité de dire ce qu’il pense – ce que je fais ici – sans devoir être particulièrement diplomate. J’ai encore le sentiment que la Grande Bretagne veut nous imposer notre manière de faire en ce qui concerne le Brexit. Je trouve que la proposition de Jean-Claude Junker concernant l’Irlande du Nord, de vouloir garder plus ou moins l’état actuel à la frontière, serait la seule alternative qui ne rouvrirait pas les plaies entre le Nord et le Sud de cette île. Mais ce n’est évidement pas du goût de Theresa May, qui considère cette proposition comme une atteinte inadmissible contre la souveraineté du Royaume Uni. Peut-être que le ton de la lettre adressée à Downing Street n’était pas particulièrement diplomatique, mais je peux très bien comprendre la grogne du président de la Commission. D’être confronté à un réflexe d’auto-destruction, comme celui qui semble être de mise actuellement à Londres, est tout à fait exaspérant, car tout dans ce processus est négatif. Je ne vois pas la raison pour laquelle nous ferions des cadeaux à des gens voulant quitter l’UE. J’irai jusqu’à souhaiter, qu’il n’y ait pas d’accord du tout, parce que je pense qu’il serait mieux que l’Angleterre assume une décision qui est une erreur monumentale.
La raison pour laquelle l’ancien ministre conservateur, John Major, est d’avis d’organiser un deuxième référendum au sujet de l’Europe. Sachant que toutes décisions fragilisant le marché unique et la libre circulation des personnes et des biens est une terrible régression, il est d’avis que le peuple se prononce encore une fois à ce sujet. Il ne fait aucun doute que le Brexit a été un acte xénophobe, que les électeurs n’ont pas mesuré les conséquences désastreuses qu’une rupture avec Bruxelles pouvaient entraîner. Je suis le premier a être désolé qu’on puisse consacrer autant de temps à peaufiner un divorce. Une attitude plus que négative. Madame May aura beau proposer de renégocier les rapports entre l’UE et son pays, ce qui restera sera très négatif. Il est clair que l’UE a la possibilité d’imposer ses quatre volontés, qu’il n’y a pour elle pas urgence d’arriver à un accord. La seule chose qui fait très mal dans ce contexte, est le danger qu’on en revienne à un conflit entre les deux partie de l’Irlande. Lorsqu’on prend en considération le sang qui y a coulé, il serait indispensable de ne pas revenir à une situation, où les armes seraient la seule option. Mais ne nous leurrons pas, c’est la seule frontière territoriale avec l’UE. Que faire de notre côté dans cette situation ? Rester dur ! Tout acte de soumission serait un désastre pour l’UE. Il faudra rester dur, quoiqu’il arrive. Madame May ne devra pas s’attendre à des compromis de notre part. Il faudra que ses amis politiques se rendent enfin compte, que le Royaume -Uni n’est plus un empire planétaire. Ce que ce parti a provoqué sera couronné par une faillite qui risque de faire très mal, notamment pour le peuple. Il aurait fallu expliquer cela avant d’appeler aux urnes les citoyens. Maintenant il est évident que le réveil risque de faire très mal aux Anglais… Monsieur Major l’a bien compris.
pm