Gérard Collomb, le ministre de l’intérieur, a dit dans une interview accordée au Parisien, vouloir expulser au plus vite les réfugiés économiques afin de mieux recevoir tous ceux qui sont poursuivis politiquement. C’est exactement la même réflexion qui a lieu dans bien des pays de l’UE. À première vue cela peut avoir une certaine logique, mais en creusant un peu plus, on s’aperçoit assez rapidement que ce tri contient bien des contradictions. Dans beaucoup de cas il me semble assez compliqué de savoir à quelle catégorie appartient tel ou tel migrant. La faim n’est-elle pas un outil de répression concernant tous ceux qui ne se trouvent pas en position de force ? Je veux désigner les personnes en conflit avec leur régime, sans pour autant s’être fait remarquer dans la rue. Lorsqu’on a affaire à un gouvernement corrompu, la misère est à portée de main. Il est probable que l’argent dû au peuple file dans les poches de tous ceux qui sont proches du pouvoir. Il s’engendre une pauvreté que je qualifierais comme étant proche de la répression. La question est de savoir si cette misère a été déclenchée aussi pour des raisons politiques?
Je dois avouer que j’ai du mal à suivre les vues de Gérard Collomb dans ce domaine. D’un autre côté je suis bien conscient qu’il est impossible de recevoir tout le monde en Europe. J’entends souvent – et suis du même avis si cela marchait – qu’il faut développer l’économie des pays d’où viennent les réfugiés dits économiques. Mais là aussi il faut malheureusement admettre que c’est un puits sans fonds, si on laisse la gérance de cette coopération entre les mains des mêmes potentats et leur cour, qui se sont graissés la patte sans aucun complexe pendant des années. Mais de laisser agir seuls les pays donateurs pourrait être considéré avec raison comme un ingérence dans les affaires intérieures d’une nation. Il serait alors aisé de parler de néo-colonialisme. Ce qui est désolant, c’est le fait que bon nombre de gouvernements occidentaux soutiennent de telles sangsues et font de surcroît d’excellentes affaires avec de tels milieux. Attention, je trouve horrible ce que le président Trump a déclaré au sujet des pays qui connaissent actuellement de telles affres. Je connais personnellement des Africains qui sont des personnes merveilleuses et que je verrais bien à la tête de leurs pays. Ce que je condamne, ce sont les milieux qui poignardent leurs concitoyens dans le dos. Il est facile de parler d’expulsion immédiate du territoire national, sans tenir compte des raisons que j’ai évoquées. Je ne sais pas trop ce que ferait Gérard Collomb, s’il se trouvait dans une situation identique à celle de tous ces pauvres, qui n’ont pas quitté de gaîté de cœur leur patrie. Il s’agit souvent que d’un membre d’une famille qui vire de l’argent aux siens, pour éviter que la misère y fasse des ravages. Je comprends la démarche du ministre, mais ne l’approuve pas pour autant. Il est facile de procéder ainsi lorsqu’on a une assiette bien remplie devant soi. Comme il est de coutume dans les drames de l’immigration, il faudrait agir au cas par cas. Il est à mes yeux impossible de généraliser. Tout au moins j’accorderais un sursit aux « illégaux », le temps d’entendre leurs raisons. Sinon cela ferait partie de l’arbitraire.
pm