Comme il était à prévoir, la coalition nationaliste a remporté les élections régionales en Corse avec 56,5% des voix. Cette tendance a une vieille tradition sur l’Île de Beauté. Il y a toujours eu bien des citoyens qui prônaient la séparation entre leur patrie et la France métropolitaine. Je ne pense pas que ce soit le cas aujourd’hui. Bien des personnes sont conscientes qu’économiquement il serait néfaste pour la Corse de faire cavalier seul. Comme il s’est avéré pour la Catalogne, il n’y aurait pas d’automatisme de la part de l’UE. Les Corses seraient tout d’abord éjectés de l’Union, ce qui serait un obstacle de taille en ce qui concerne la survie de la région. Je pense que cette attitude de Bruxelles a été déterminante en Espagne et qu’il serait déterminant de développer plus l’autonomie de la population corse. Ce serait avant tout nécessaire d’alléger certaines dispositions comme celles de l’apprentissage des langues locales. De donner encore plus de liberté à l’université de Corte et de faire en sorte que ses diplômes soient comme aujourd’hui reconnus dans toute l’UE. Et du point de vue économique de doter les entreprises régionales d’un soutien plus grand que c’est le cas actuellement. Il est clair que la Corse ne peut pas vivre de son économie propre et que beaucoup de ses enfants doivent aller en France pour trouver un emploi, ce qui se fait ans trop de heurts. Sans l’apport de ces travailleurs, bien des familles se trouveraient dans le besoin.

Et puis il y a la question délicate du tourisme vert. En refusant l’invasion de masse tous les étés, les entrées d’argent sont plus modestes qu’en Sardaigne par exemple, où le tourisme industriel sévit, ce qui a causé des dommages de tailles de l’environnement. Les plages n’ont pas le secret de celles de la Corse, où la population fait tout pour préserver le littoral. Il en est de même pour la forêt qui couvre une grande partie de l’île. À mon avis une très bonne initiative, car le nombre de voyageurs qui cherchent l’authenticité est en nette progression dans les pays du Nord de l’Europe. Si je veux vraiment aller à la rencontre d’un paysage assez intacte en Méditerranée, il faut aller en Corse. La population locale défend avec une grande énergie cette politique environnementale, les nationalistes en particulier. C’est une des raisons de leur victoire hier. Je pense qu’Emmanuel Macron ferait bien de mettre en place en collaboration avec les édiles locaux un nouveau modèle d’autonomie qui pourrait servir de modèle à toute l’Europe. Il y a un exemple que je voudrais citer, c’est celui du Tyrol du Sud. Comme au temps du FLNC, il y avait eu là-bas un grand nombre d’attentats. Des lignes à haute-tension ont été dynamitées. Il y régnait des tensions graves jusqu’au jour ou l’Italie lui a donné son autonomie. Maintenant la vie y est sereine. La langue allemande a été préservée et est enseignée comme l’Italien. Une coopération économique englobant l’Europe toute entière a beaucoup de succès. Une attitude plus souple de la part de Rome a permis d’aplanir les problèmes. Je souhaiterais un peu plus de souplesse de Paris et avant tout une collaboration étroite avec les élus corses, afin de tenir compte des particularismes sans pour autant violer la constitution.

pm

https://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20171210.OBS9037/elections-en-corse-la-coalition-nationaliste-s-offre-une-tres-large-victoire.html

Pierre Mathias

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