C’est exact, depuis des décennies on tourne en rond lorsqu’il s’agit des cités. Personne n’a trouvé des recettes efficaces. Ce qui manque c’est de donner aux habitants du courage. Il y a quelques années j’ai rencontré une famille marocaine dans les quartiers Nord de Marseille. Nous sommes devenus amis. Ils habitaient dans un ensemble très soigné, ce qui n’est pas habituel dans les banlieues. Pas de graffitis, pas de papiers par terre, pas des tessons de verre. Un parc avec des jeux pour les enfants, du sable sans vieilles seringues, utilisées par les junkies et jetées comme par vengeance pour blesser les petits. Je demandai à Mohammed comment cela se faisait que cet endroit soit si soigné ? « Nous sommes propriétaires de nos appartements et tenons à la propreté ! » Je pense qu’Emmanuel Macron devrait faire des propositions allant dans ce sens, afin que bien des familles puissent acquérir leur logement. Cela donnerait à la population locale une assise, l’impression d’appartenir à la France, d’être des citoyens à part entière. Un tel modèle est motivant. Mohammed, qui travaille comme agent municipal, a obtenu un crédit avantageux. Pour le rembourser et payer les intérêts, il ne dépense pas plus que s’il devait louer un logement. « Nous avons tous un boulot, même les jeunes. » Cette petite cité est connue en ville et c’est, contrairement aux grands ensembles vétustes des autres quartier, une bonne adresse. Même si on s’y prend très tard, il faut motiver les gens et leur dire qu’ils ont des chances s’ils prennent leur destin en mains. « Je t’assure, nous ne voulons pas être des assistés et être traités comme tels ! »

Ce n’est pas en attendant que l’État leur tende la main, qu’ils changeront de statu. Il faut qu’ils prennent l’initiative comme Mohammed, qui a incité la municipalité à donner son soutien à ce projet. « Nous avions des voisins qui avaient perdu tout espoir. Et maintenant ils pètent du feu ! » Les jeunes qui habitent avec leurs parents vont à l’école. Certains font même des études universitaires. C’est le fait de devenir propriétaire qui leur a permis de mettre de l’ordre dans leur vie. Pour que la politique de la ville ait enfin du succès, il faut à tout prix éliminer les ghettos en répartissant les populations habitant dans la banlieue un peu partout. Deuxième atout de taille serait d’encourager la création d’entreprises. Il serait bon que tous ceux à qui on reproche de n’être pas de souche, d’être des Français de deuxième classe, de pouvoir devenir des patrons et de créer ainsi des emplois, qui font cruellement défaut dans les cités. Mais pour que le pari réussisse, il faudrait que les employés soient issus de tous les milieux que compte la France. Ce n’est pas en allouant des aides sociales sans exigences de la part de l’État que les choses changeront. Elles doivent être liées à des contributions d’aide publique, tant que les gens ne trouvent pas d’emplois. Donc un changement radical de comportement. Si les personnes concernées voient qu’il est utile d’agir ainsi, la plupart saisiront leur chance et deviendront actives. Le premier but est de redonner espoir à une population qui est souvent démoralisée. Ce serait un grand chantier, où Emmanuel Macron pourrait démontrer qu’il n’est pas là seulement pour les riches.

pm

http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/11/14/macron-appelle-a-une-mobilisation-nationale-pour-les-villes-et-les-quartiers_5214644_823448.html

Pierre Mathias

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