Hier en rentrant de Berlin, j’ai entendu une émission à la radio au sujet du journalisme. Une étude récente a démontré que le public était saturé par le nombre grandissant des nouvelles et qu’il n’était plus en mesure de se faire une bonne opinion à leur sujet. Des journaux prenant le temps de faire une analyse sérieuse, après des recherches minutieuses comme celles des révélations au sujet de « Paradise Papers » concernant l’évasion fiscale, où on trouve les noms de Trudeau, de Trump et de la reine d’Angleterre ont de plus en plus de succès. De grands périodiques ,dont le Monde et le Spiegel, se sont mis ensemble pour faire du journalisme d’investigation. Une réponse à un journalisme fait d’on dit. Je pense que les auteurs de ces recherches ont trouvé qu’il était important d’en parler dès maintenant. Mais pour ce faire vraiment une idée, il faudra lire un grand nombre de documents. La raison pour laquelle j’aimerais en parler dès que j’en saurai plus. Je dois avouer que je voulais d’abord écrire un article à ce sujet. Mais je n’ai pas eu le loisir de trop y penser, lorsque la nouvelle d’un massacre de fidèles dans une petite église de Sutherland Springs, une petite bourgade à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de San Antonio dans l’État américain du Texas. On parle pour l’instant de 27 morts et de nombreux blessés. Le tireur était seul et a été abattu. Pour l’instant on n’en sait pas plus. En respectant certaines règles journalistiques, je devrais m’étendre une fois de plus sur un tel drame, mais je pense que je me répéterais car je possède trop peu de détails. La rédaction d’un quotidien ne peut pas ignorer ce drame. Moi non plus, mais je veux démontrer dans quel dilemme on se trouve dans un tel cas. D’une part l’obligation d’être en pleine actualité, de l’autre de livrer peut-être que du vent. Dans le reportage radiophonique il était question d’un ralentissement général du rythme des informations à publier. Ce serait souhaitable, mais c’est de l’utopie dans un monde où tout se sait à la seconde près. L’obligation de faire de l’exclusivité va au détriment de la qualité.
J’aurais aussi pu parler de l’Arabie Saoudite et l’incarcération de pas mal de princes et de ministres du régime, accusés de corruption. Mais il en va plutôt d’une prise d’influence du prince héritier, qui s’est mis en tête de rénover tout le pays. D’en faire un État moderne. Mais pour ce faire il faut revoir de fond en comble la situation désastreuse des femmes. C’est un sujet qui m’intéresse, mais pour faire une analyse qui dépasse le simple entre-filet il faut là aussi se documenter et cela prend du temps. On s’adressera à un correspondant vivant ou ayant vécu dans le royaume. Il aura l’occasion de raconter ce qu’il a vécu lui-même au sujet des femmes, par exemple. Il essayera de donner une touche personnelle à son sujet. Comme l’a fait Bernard-Henri Lévy dans le Monde au sujet du fondamentalisme en Algérie, un pays où il est né. Il a parcouru le bled et raconte ce qu’il a vécu. C’était génial. Toutes ces pensées c’est bien joli, mais quel sujet aurais-je choisi ? Je crois que j’aurai pris l’attentat de Sutherland Springs, en réponse au climat de violence émanant de la Maison Blanche. Si le président n’a pas de retenue, pourquoi l’exiger de déséquilibrés ?
pm