Et non, il n’a aura pas de statu quo en Allemagne. Les résultats pour la coalition ont été désastreux. Le CDU/CSU se retrouve à l’heure actuelle à 32,8% des voix. Une perte de plus de 8%. Le SPD a 20,7%, moins de 4,5% environ. Le peuple a marqué ainsi son refus de remettre en place un gouvernement ayant les mêmes caractéristiques qu’auparavant. Le message a bien été perçu par Martin Schulz, qui a déjà déclaré que son parti irait dans l’opposition. Mais ce n’est pas la seule raison. Le parti populiste et d’extrême-droite qu’est l’AfD a remporté 13,2% des voix, ce qui dans ce cas l’aurait à mis au premier rang de l’opposition parlementaire, Die Linke ayant fait 9%, les Verts du 9,1% et le FDP du 10,4%. Dans la tradition du Bundestag cela aurait voulu dire que cette formation fascisante aurait toujours pris la parole en premier dans le droit de réponse de l’opposition. Cela aurait été insupportable. Moi, qui avait toujours recommandé qu’il y ait une continuité de gouvernance à la tête de l’Allemagne, en suis revenu ce soir, car il n’y a pas d’autres alternatives. Avec le SPD comme première formation de gauche, il pourra contrecarrer plus efficacement les diatribes des tribuns de l’extrême-droite et de ne pas donner champ-libre à ses chantres. Il est évident qu’un tel résultat est désolant, d’autant plus que la formation du nouveau gouvernement Merkel, pourrait être bien plus bancale que ce qui avait été le cas jusqu’à ce jour. Il faudrait qu’elle s’arrange avec les Verts et le FDP, qui présentent des politiques assez différentes et qui auront du mal à s’entendre. Il est indéniable que la chancelière s’en trouvera affaiblie. C’est la raison pour laquelle ses amis politiques n’ont pas accueilli avec joie la décision du comité directeur du SPD, d’autant plus que du bon travail avait été effectué.

Il est indéniable que la République Fédérale s’en trouvera affaiblie, ce qui dans ces temps de crises n’est pas avantageux. Cela risque aussi de ralentir l’extension du projet européen qu’Emmanuel Macron veut mettre en place, car le FDP n’est pas tellement favorable à l’idée de mettre en place un budget commun, que gérerait un ministre nommé à cet effet. Ce modèle de coalition, qui porte le nom de Jamaïque en Allemagne à cause des couleurs de son drapeau – le noir pour les conservateurs, le vert pour le écologistes et le jaune pour les libéraux – a été mis en place dans la Sarre, mais n’a pas duré très longtemps, car les prérogatives des uns et des autres n’ont plus été compatibles pour un gouvernement commun. Il a fallu faire de nouvelles élections, ce qui pourrait être aussi le cas au niveau fédéral. Angela Merkel se trouve affaiblie et ne pourra plus pavoiser comme elle l’a fait jusqu’à présent. Cela pourrait signifier qu’il y aura bien moins de stabilité, ce qui pourrait causer du tort à l’UE. Mais le fait le plus significatif ce soir est le fait que l’AfD déjà a pris en otage le nouveau gouvernement, rendant impossible toutes autres compositions en dehors du modèle que j’ai décrit. Le SPD aurait pu proroger sa participation si un autre petit parti avait dépassé le score de l’extrême-droite. Pour ce parti c’est un premier succès, car il ne peut que souhaiter la vulnérabilité de la nouvelle coalition. Même avant d’avoir été formée elle est un facteur d’instabilité.

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/09/24/ouverture-des-bureaux-de-vote-en-allemagne_5190385_3214.html

Pierre Mathias

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