Emmanuel Macron a jeté ses principes par dessus bord en ce qui concerne la communication. Après des débuts difficiles en politique intérieure, il se voit obligé de présenter personnellement les projets qui lui tiennent à cœur, comme la loi du travail ou la restructuration sociale. Des sujets épineux qui demandent beaucoup de pédagogie. Je salue le fait que le président sorte de sa tour d’ivoire qu’est le Palais de l’Élysée et va au-devant de ses citoyens. Je pars du principe que tout le monde est en mesure de comprendre les mesures qui doivent être prises, qu’elles soient approuvées ou non. L’important est d’encourager le dialogue entre les Français. La démarche annoncée marque la volonté de faire participer tout le monde à la vie politique. Que n’en déplaise à certains, les questions sont celles qu’on attend du peuple. Elles ne sont pas forcément intellectuellement affinées, mais reproduisent bien ce que les gens veulent savoir. Pour Emmanuel Macron il s’agira d’aller deux ou trois fois par mois au-devant de ses compatriotes. On est au Palais pas encore sûr sous quel sigle cela doit se passer. Ce ne seront pas les grandes messes comme celles qu’aimait tout particulièrement François Hollande. Des conférences de presse allant souvent dans les détails. Elles jetaient une certain nébuleuse sur les activités du gouvernement, et empiétaient souvent sur sa souveraineté. Il était clair qui prenait les décisions : le monarque dans toutes sa splendeur. Cette façon de faire mettait à nu le président et lui ôtait la possibilité de se réfugier derrières ses partisans. Il est évident que tous chefs d’États doivent avoir cette possibilité. C’est peut-être une des raisons des mauvais quotas touchant son prédécesseur. Peut-être une méthode honnête mais guère applicable dans « la rès publica ».
Il est évident que Macron ne veut pas tomber dans un tel piège, mais comment s’y prendre autrement. Pour les Français le chef est le grand timonier qui veille à la destinée du pays. De par sa nature le président est le paratonnerre qui doit les protéger de la foudre ses ouailles. C’est aussi simple et compliqué à la fois. Il est difficile de comparer ce qui se passe aujourd’hui à la volonté de s’émanciper comme cela avait été le cas au cours de la grande Révolution. À part de râler pour un tout ou pour un rien, je doute fort que les citoyens personnellement soient prêts à se jeter dans la mêlée. Cela demande du travail, un regain d’initiatives ayant comme fin en soi, le fait d’affaiblir le pouvoir central. Les réformes, bien qu’une majorité soit très méfiantes à leur sujet, ne sont en fin compte pas la tasse de thé des citoyens. Elles peuvent être promulguées mais personne peut être sûr de leur impacte. Le peuple serait plus enclin à accepter une vague de fond balayant tout sur son passage, tout ce qui pourrait à ses yeux effacé d’un seul coup de plume tous les problèmes. Ce serait trop beau pour être vrai, mais en réalité il est est autrement. Ce sont des méandres sans fins qu’il faut pouvoir surmonter. Pour ne pas sombrer dans un échec préliminaire, Emmanuel Macron a reconnu qu’il devait lui-même entrer en croisade. Je le salue pour la décision qu’il a prise de se jeter dans la mêlée. C’est bon pour la démocratie !
pm