Lorsqu’on observe les efforts des partis en dérives pour se redéfinir, il y a de quoi être songeur. Le PR se demande quelle route il doit suivre, celui du néolibéralisme ou d’un certain protectionnisme ? Doit-il satisfaire les euro-septiques ou au contraire jouer à fond la carte bruxelloise ? Tout cela ressemble à du clientélisme. Il s’agirait tout d’abord de défendre des valeurs, pour lesquelles on est prêt à se battre, car elles représentent les convictions d’une famille politique. Rien de tel ! On veut attirer l’électeur comme un ours avec du miel. C’est le contraire qui devrait se passer. Faire passer des idées et se battre pour elles. On a l’impression que les vaincus n’ont pas pris en compte le verdict des électeurs. Tous ces louvoiements sont la triste preuve du manque d’imagination. On pense encore dans des schémas traditionnels et pourtant il faudrait analyser ce qui se passe actuellement dans le monde… Plus que jamais ! Afin de remettre le bateau à flots, les dirigeants devront jeter les conventions par dessus bord. Lorsqu’il est question d’écrire un programme qui tient compte des technologies de pointe, de définir qu’elle serait la vie de chacun par rapport à elles, la plupart des partis sont plus ou moins désarçonnés. Ils parlent en grandes lignes de la révolution numérique, mais ont bien du mal à être vraiment concrets. Il est vrai que l’évolution est tellement rapide, qu’il est difficile de prendre le temps nécessaire de réfléchir au pourquoi. Et ce serait vraiment là qu’il faudrait commencer. Il serait opportun de faire de la philosophie avant d’entrer dans la logistique. Il ne s’agit pas de gérer l’acquis, mais de montrer assez de créativité afin d’anticiper l’avenir. Je pense qu’à la place du PR à droite ou du PS à gauche, je prendrais tous d’abord le temps d’organiser des colloques avec des penseurs venant du monde entier.

Avant d’entrer en action, il faut savoir ce qu’on veut faire. Ce n’est que lorsqu’on a lancé les jalons, qu’il sera possible de penser à la prochaine étape. Mais c’est une maladie de notre époque de mettre la charrue devant les bœufs. Lorsqu’on a constamment l’impression d’être cravaché par ses propres soins, il y en a marre après un certain temps. Je pense que dans la période agitée que nous connaissons actuellement, où l’arbitraire gagne de plus en plus de terrain, il faudrait resserrer les rangs sur certains idéaux qui devraient évidents pour une majorité, ceux de la démocratie et sa mise en marche. Je ne peux pas exclure de tout cela « La République en marche ! ». Elle aussi devra se forger sa propre identité en se démarquant de ses dirigeants historiques. Une autonomie dont le président et le gouvernement ont un urgent besoin. Pour qu’il y ait un brassage d’idées l’organisation interne doit donner aux militants de quoi agir concrètement. L’efficacité ne réside pas dans le fait qu’un comité restreint prend toutes les décisions. En politique seule la participation est une garantie de pérennité. Pour réussir le pari de donner à chaque citoyen le droit d’initiative, il faut lui faire confiance. Il faut espérer qu’Emmanuel Macron ne refasse pas les erreurs du passé, en donnant trop peu de voix au peuple. Les partis doivent prendre conscience qu’ils sont les avocats des citoyens. Que leur raison d’être réside seulement dans cette optique.

pm

http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/08/19/la-droite-face-au-defi-d-une-reconstruction-ideologique_5174087_823448.html

Pierre Mathias

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