« Non, vous ne m’avez pas vu. Et comme vous ne m’avez pas vu, je ne peux pas vous donner d’interviews. » Lorsque les ministres s’esquivent du Palais de l’Élysée, ils ont le profil-bas. Le patron n’aime pas le bavardage. Ils laissent cette tâche à Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement. Rien de comparable avec le poulailler en folie de l’oncle Donald. Motus et bouche-cousue ! Je veux bien, mais comme je l’exprime toujours à nouveau dans mes articles, il y a un manque de pédagogie. Parfois il serait bon que le président fasse passer des messages à la nation, de lui à nous, tout simplement. Il faut trouver un fin dosage, éviter toute inflation dans ce domaine. Pourquoi ne pourrait-il pas organiser tous les deux mois une rencontre avec des citoyens qui auraient des questions à lui poser ? À une époque où il règne tellement d’insécurité que ce soit au sujet du terrorisme ou de l’avenir social qui est comme nous le savons fortement imbriqué avec la relance économique, il devrait rassurer, expliquer pour quelle raison il faut faire des sacrifices et quelles seraient dans ce contexte les perspectives. Emmanuel Macron doit savoir que sans le concours de tous les Français il ne peut y avoir d’avenir. Mais afin qu’ils le soutiennent, ils doivent parfaitement savoir quelle pourrait être leur contribution. Il est évident qu’ils auront des pilules amères à avaler, mais ce serait plus supportable si on leur énonçait le pourquoi. Il serait dans ce but indispensable de veiller à la plus grande transparence possible, le cas échéant même accepter certaines modifications. Ce dialogue pourrait devenir une institution démocratique. Des citoyens représentant toutes les couches de la population devraient y prendre part. Le président pourrait dresser les grandes lignes d’un projet de loi, le ministre concerné entrer dans le détail. La règle du jeu serait l’écoute mutuelle et la possibilité d’intervenir directement dans le débat. Cela devrait se faire avant le vote à l’Assemblée nationale et au Sénat de tel ou tel projet.

Il serait souhaitable que ce dialogue puisse contribuer à donner aux députés un aperçu de la température politique qui règne dans le pays. Le président aurait ainsi l’obligation d’être constamment en symbiose avec le peuple. Je pense qu’une telle expérience pourrait porter des fruits pour l’avenir. Je pars du principe que la démocratie doit être vécue à tous moments, que c’est le droit et le devoir de tout le monde de lui donner sa raison d’être. De tels forums pourraient être répartis sur tout le territoire nationale. Ces assemblées sont aussi un bon moyen de faire parvenir des informations jusqu’au sommet de l’État sans passer pour autant par les portillons du protocole. Il faudrait veiller à ce que les récriminations ou les initiatives n’atterrissent pas à priori dans des tiroirs pour y être oubliés. Les citoyens veulent être pris au sérieux. La présidence pourrait encore aller un pas plus loin. Elle pourrait proposer d’organiser aux quatre coin de l’hexagone des états-généraux ayant un thème bien précis. La charte du travail aurait ainsi pu être débattue par les intéressés personnellement. Le but serait de faire des propositions concrètes. Ce serait un dérivé de l’initiative populaire comme elle se pratique avec succès en Suisse.

pm

http://www.lemonde.fr/gouvernement-philippe/article/2017/08/10/christophe-castaner-l-homme-qui-parle_5170875_5129180.html

Pierre Mathias

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