Édouard Philippe a déclaré dans une interview dans les « Échos » la baisse de la pression fiscales de 11 milliards en 2018. Il y aura moins de prélèvements obligatoires, la première phase de la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages sera effectuée, l’impôt sur la fortune remplacé par un impôt sur la fortune immobilière, etc. Afin de pouvoir assurer un taux d’endettement de 3% du PIB, comme Bruxelles l’exige il faudra faire des économies, notamment dans les budgets de la défense et du ministère de l’intérieur, ceci sans entraver la sécurité du pays. Il est toujours assez attractif lorsqu’un gouvernement annonce de telles mesures. Mais l’espoir de faire ainsi redémarrer la consommation n’est pas assurée automatiquement. Afin de donner de l’oxygène à l’économie il faudrait être sûr, que l’argent dépensé soit investi dans des produits français ce qui est loin d’être sûr. Ce qui compte pour assurer la relance ce sont les investissements. Et c’est là que le bât blesse, car nombre d’entreprises n’ont pas la trésorerie nécessaire pour effectuer des réformes. Il y aussi l’attitude restrictive des banques qui veulent éviter tous risques. Je me demande s’il ne serait pas plus opportun de placer les 11 milliards dans un fonds destiné à l’aide de l’industrie ? Donc de ne pas effectuer des baisses, mais de placer l’agent dans des initiatives qui à long terme assureront plus de chances sur le marché international. Il ne faut pas oublier dans ce contexte que les économies étatiques se feront aussi sentir sur les carnets de commandes des entreprises.
Peut-être qu’´Édouard Philippe a raison et que les Français ne mettront pas les sommes récupérées dans des bas de laine, ce que je me permets de douter connaissant bien les mentalités. J’ai toujours du mal de mettre en parallèle une politique d’austérité qui fait mal, avec des baisses fiscales. Peut-être suis-je trop peu perspicace pour comprendre une telle logique. Je conçois les mesures financières comme un système de vases-communiquant. Sans de nouveaux apports, l’argent à disposition sera toujours le même. Ne nous leurrons pas, le seul moyen pour faire redémarrer la machine est l’essor des exportations. Pour cela il faut des entreprises performantes. Comme on le sait beaucoup d’entre-elles battent de l’aile, car les moyens manquent d’élaborer des stratégies comme des joint-ventures avec des maisons à l’étranger ou d’avoir la possibilité de s’ancrer dans les marchés extérieurs. Dans ce contexte j’aimerais bien savoir quelles mesures le gouvernement compte prendre ? S’il est prêt à aider les entreprises qui voudraient investir dans l’expansion internationale ? Ce n’est qu’à partir de là, que je pourrais juger si la baisse des charges est opportune ou pas. Mais une chose est sûre, si les caisses sont à moitié vides, toutes bonnes intentions resteront caduques. En prévoyant moins de revenus fiscaux, le pouvoir perd une partie de sa marge de manœuvre en ce qui concerne la relance. Je sais, politiquement il n’était pas possible d’agir autrement, mais est-ce l’assurance que c’est le bon filon ? L’avenir nous le dira. Pourvu que je me trompe !
pm