Les surveillants des pénitenciers de Villepinte, de Fresnes ou ailleurs sont venus occuper le parvis de l’hôtel de justice de Bobigny en Seine-Saint-Denis. Ils se sont plaints du surpeuplement des prisons et ont fait comprendre aux magistrats qu’ils ont interpellés, qu’ils ne pouvaient pas assumer la sécurité dans ces établissements. Le désespoir des détenus mêlé à la haine créent des tensions telles qu’il est de plus en plus difficile de gérer la vie derrière les barreaux. Que ce soit Madame Le Pen ou Messieurs Fillon et Macron, ces candidats à la présidence parlent d’augmenter sensiblement le volume d’accueil des pénitenciers. Je me pose la question si c’est le bon moyen d’endiguer le mal ? Il est connu que c’est en prison que les jeunes deviennent vraiment des criminels, s’ils n’ont pas la force de résister à l’influence néfaste des vétérans. Je me demande s’il n’était pas préférable de les mettre dans des sortes d’internats, où ils pourraient se former, faire un apprentissage ou, pourquoi pas, rattraper le bac. Il serait à mon avis bénéfique de leur faire faire du sport et de se dépenser dans la nature. Je ne parle évidemment pas des récidivistes. Une telle action serait à classer dans le dossier de la réinsertion. Chaque personne sauvée des griffes de la délinquance est un plus pour la société. Au lieu de construire de nouvelles centrales, il serait bon de tout faire pour éviter que des jeunes soient l’otage de leur agressivité et de leur mépris pour la société. Dans ce cas bien précis, je tablerais plutôt sur l’espoir d’obtenir de meilleurs résultats. Je sais, c’est un travail de Titan, mais je pense que l’empathie que nous devrions éprouver pour la jeunesse toute entière, soit la clef de voûte pour obtenir de petits progrès. Il faut avoir la carapace d’une tortue pour arriver à briser la glace.

Le dicton que sans petits cours d’eau il n’y peut y avoir de grands fleuves, me semble tout à fait pertinent dans un tel contexte. Mais on n’obtiendrait aucun succès sans l’appui des parents et sans la complicité des maîtres d’école. Les tensions dans les banlieues, lieux de la guerre des gangs, ne pourra pas se faire tant qu’il n’y aura pas plus de justice sociale. Il me paraît évidemment que le problème des prisons reste explosif. Comment pourrait-il en être autrement. Cela ne veut pas dire que je ne vois pas le problème du personnel. Ils sont en fait constamment soumis à des injures et à des coups. Je pense que c’est le rôle de la société de me pas les traiter comme des gardes-chiourmes. Il faut avoir beaucoup d’abnégation pour faire ce métier. Nombre d’entre-eux doivent avoir de bonnes connaissances psychologiques et sociologiques pour empêcher les révoltés de s’insurger. Leurs compétences doivent être identiques à celles d’une aide-sociale. Mais pour tout cela ils sont trop mal payés. J’ai filmé des années durant dans les cités difficiles. J’ai pu apprendre que la patience était souvent le dernier atout face à tant de violence. Le seul moyen de les empêcher de risquer l’irrémédiable. Ceci ne peut que se faire qu’avec une grande force de caractère. Je trouve bien que les surveillants manifestent visage découvert afin d’exiger un peu plus de compréhension pour eux. Désengorger les prisons serait une première amorce.

pm

http://www.lemonde.fr/police-justice/video/2017/04/13/pourquoi-les-prisons-francaises-sont-elles-a-ce-point-surpeuplees_5111002_1653578.html

Pierre Mathias

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