Ce n’est pas mon but de commenter les manœuvres militaires de l’armée irakienne et de la coalition internationale afin de libérer complètement la ville. Mon but est de me mettre à la place des gens pris en otages par l’EI, qui les utilise comme bouclier humain pour freiner la reconquête de Mossoul. Ce qui se passe là-bas dépasse de loin ce qu’on peut imaginer. Il est facile de les plaindre à distance, mais il vaut mieux ça que de les rejeter, car ils pourraient avoir le toupet de venir nous déranger. Ceux qui les accablent de tous les maux, sont-ils vraiment dans l’incapacité de ressentir ce que vivent ces malheureux. Le tout est trop abstrait pour eux. Ils ne voient que les inconvénients que peuvent amener des migrants, qui ont de la peine à s’adapter, ce qui est normal. Peuvent-ils se rendre compte quel peut être l’horizon d’enfants et d’adolescents qui n’ont que vécu des drames inimaginables. Souvent ils sont orphelins, ont perdu des proches, ont été eux-mêmes blessés physiquement et mentalement. Il est évident que des êtres si meurtris ne sont pas malléables, qu’ils s’insurgent contre tout parti-pris. De part leurs malheurs ils sont hors-normes, ce qui rend les rapports difficiles. Il y a aussi une maturité précoce causée par leur quotidien. Des personnes qui doivent survivre souvent par leurs propres moyens, ne peuvent pas être mis tout simplement sous tutelle. Le martyre de Mossoul engendra forcément un grand nombre de personnes déboussolées, qui essayeront de trouver un havre de paix en Europe. Un grand nombre de citoyens sont prêts à les recevoir dignement, mais ils se voient toujours plus confrontés à la haine. Une haine issue de la peur de l’inconnu. C’est une cause principale du racisme.
En Allemagne on s’est aperçu que bien des victimes de guerre ont une grande faculté de s’intégrer. Je suis toujours étonné que bien des jeunes maîtrisent après quelque mois d’exil assez bien la langue, qu’ils sont parfaitement en mesure de communiquer. Beaucoup trouvent un emploi, ont la possibilité de faire un apprentissage ou de reprendre leurs études. Bien sûr, comme dans tous groupes ethniques, que ce soit des autochtones ou des migrants, il y a des brebis galeuses. Le pourcentage ne dépasse pas celui du reste de la population. Le drame de Mossoul devrait nous faire réfléchir, nous inciter à retrouver nos valeurs spirituelles, peu importe que nous soyons croyants ou pas. L’éthique est vaine lorsqu’elle n’est pas mise en pratique. Il faut la vivre et la faire revivre. De dire que nous tous, et ceci sans exceptions, puissions subir un tel calvaire, est sûrement un premier pas, mais il est abstrait tant que la foudre ne s’abat pas sur nous. Il est étrange que des pratiquants manquent souvent complètement de charité par rapport aux migrants. Ils ne veulent pas savoir ce qui se passe ailleurs, craignent que leur petit confort puisse être perturbé. Mossoul leur est très lointain. Ils voient bien à la télévision ce qui s’y passe, mais c’est du virtuel, comme sur une play-station, où on peut tuer à cœur-joie. Mais heureusement il y a aussi les autres pour lesquels l’empathie est une action charitable. Parmi eux Madame Merkel, qui ne peut pas faire abstraction du message du Christ : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même !
pm