Et si Donald Trump gagnait les élections américaines dans la nuit du mardi au mercredi ? Il est vrai que cette perspective m’angoisse. Je suis absolument conscient d’être totalement impuissant en ce qui concerne une élection, où je ne peux pas aller aux urnes. Si les États Unis étaient la Serbie ou l’Albanie je n’aurais pas de nuits blanches, ce qui est peut-être un tort mais une réalité. Il s’agit ici de la première puissance mondiale et que l’on veuille ou pas, elle exerce de l’influence sur mon quotidien. Depuis quelques jours j’ai du mal à lire les nouvelles inquiétantes concernant Madame Clinton. Je regarde les statistiques des instituts de sondage et espère que la courbe ascendante de son rival marque le pas. Mais je crains que ce ne soit pas le cas d’une manière irrémédiable, au contraire. Les deux candidats se retrouvent dans un mouchoir de poche, à moins de deux points de différence. Je n’oublie pas non plus les décomptes erronés lors du Brexit. Tout le monde, tout au moins dans la classe politique et économique, était sûr que la raison l’emporterait, mais cela n’a pas été le cas. C’est pourquoi je resterai rivé toute la nuit devant la télévision tout en étant conscient de mon impuissance. Je veux essayer de m’imaginer quelle sera ma réaction si le populiste Trump l’emportait. Serais-je terrorisé comme une mouche prise dans une toile d’araignée ? Je devrais me faire une raison que la vie continue, même sous de mauvais auspices. La question qui se pose pour moi en tant que démocrate est de savoir si je dois accepter le verdict populaire ou non. Pratiquement je n’ai pas d’autres solutions, mais mentalement c’est une autre paire de manches.

Comme Européen je peux inciter les gouvernants à marquer leur distance face à cet autocrate plus ou moins fascisant. Mais revenir à l’isolationnisme n’est pas une panacée, c’est un retour aux nationalismes, justement ce que préconise Donald Trump et les leaders de l’extrême-droite au sein de l’UE. Il est évident que s’il arrivait au pouvoir, il serait plutôt de la trempe d’un Poutine ou d’un Erdogan, des dirigeants pour lesquels qu’une seule chose semble compter, leur aura personnelle. Des individus totalement réfractaires à la moindre critique. Aussi aux USA ce serait le signe avant-coureur d’une dictature de fait. Ne nous faisons pas d’illusions, ce virus gagnerait aussi nos latitudes. Dans un tel cas, je ne me tairai pas. Plus que jamais il s’agira de dire tout haut ce que je ressens, même si cela devait être d’un certain danger. Je ne veux pas me laisser embobiner dans des compromis plus ou moins pervers. Il est du devoir de tous ceux qui se considèrent appartenir à l’élite intellectuelle, de se sacrifier, s’il le faut, pour la tolérance et pour les droits de l’homme. De descendre dans un premier tant dans la rue pour marquer leur résistance. C’est là que le bât blesse cruellement. Il serait des plus importants de freiner en amont toutes les tendances totalitaires, mais par commodité beaucoup de grosses têtes préfèrent se réfugier dans une immigration intérieure. Un acte irresponsable pour tous ceux qui auraient les moyens de se faire entendre. Tout cela m’angoisse !

pm

http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/11/05/l-ohio-une-etape-essentielle-mais-pas-suffisante-pour-permettre-a-donald-trump-d-entrer-a-la-maison-blanche_5026134_829254.html

Pierre Mathias

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