Est-ce la bataille ultime contre l’EI ? Si la ville de Mossoul était prise, cela affaiblirait les fous de Dieu sur le terrain, mais probablement pas en ce qui concerne leurs actions terroristes de par le monde. Il ne s’agirait vraiment pas de pavoiser trop tôt. Ce qui se passe actuellement entre peut-être dans le cadre d’une autre stratégie des terroristes. Une internalisation de leurs actions est à craindre. Il est un fait incontournable : l’EI a réussi à déstabiliser les démocraties occidentales, qui se terrent de plus en plus dans la défensive. Cette attente d’un probable attentat rend la vie insupportable. Nous devons être conscient que chaque jour est un sursis. Il est probable qu’avec la désintégration territoriale en Irak et en Syrie, il y aura recrudescence de la violence chez nous. Ce qui se passera probablement aujourd’hui à Mossoul peut être considéré comme une bataille perdue ; la guerre quant à elle continuera à sévir. De croire que le fanatisme et l’obscurantisme peuvent être combattus par les armes, est une illusion. Ce sont des virus très difficiles à exterminer, car ils sont l’expression d’une grande frustration. Comme l’ont démontré les jeunes gens qui se sacrifient au nom d’une idéologie soit-disant religieuse, ce sont des êtres à la dérive. Ils ne voient pas d’avenir dans notre société qui les a mis en marge par le simple fait, qu’ils ne correspondaient pas à elle à cause de leur croyance ou de leur couleur de peau. L’EI a su semer de la haine dans ces milieux marginaux et a incité certains de ses membres à se sacrifier pour une cause destructive. Dans l’optique de l’EI il ne s’est jamais agi de construire. Ce n’est que la terre brûlée qui intéresse les manipulateurs, rien d’autre.

Dans une telle perspective la reprise de Mossoul sera une pierre d’achoppement, car elle démontre qu’il est impossible de concevoir un avenir dans la haine. Il est effrayant de constater d’ors et déjà les ravages qui ont été commis. D’innombrables personnes ont perdu la vie, ont été assassinées dans des conditions horribles. Des familles entières ont été décimées. Il est regrettable que l’occupation ait duré autant de temps. Les blessures ne se cicatriseront probablement pas. Le régime de terreur que l’EI a installé, laissera des traces indélébiles pendant des décennies. Seule une nouvelle voie spirituelle pourra calmer les esprits. Mais d’où doit-elle venir ? Le conflit entre les Sunnites et les Chiites a permis à l’EI de se développer ainsi. C’était à la base une guerre de religion. Il serait grand temps que l’Islam dans son ensemble fasse un bilan de ce qui se passe et rassemble sous sa bannières tous ceux qui aspirent à la paix. C’est une grande majorité de croyants. Mais il faut se rendre à l’évidence que ce sera périlleux. Cette religion n’est pas monolithique. Il n’y a pas d’instance centrale, plutôt un nombre élevé de sectes. Dans un tel contexte une réforme serait importante afin de redéfinir l’approche du Coran. Certes une tentative titanesque dans le contexte explosif qu nous connaissons aujourd’hui, mais indispensable. L’EI ne représente en aucune manière l’Islam. Il le dénature et le perverti. C’est dire qu’une victoire militaire, aussi souhaitable soit-elle, ne résoudra pas les problèmes de fond.

pm

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/10/17/qui-est-present-a-la-bataille-de-mossoul_5014722_3218.html

Pierre Mathias

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