Angela Merkel a donné une conférence de presse après les attentats de ces derniers jours. Elle s’est présentée devant les journalistes comme on l’attendait : pragmatique et résolue. Pourtant elle était au centre des critiques qui lui reprochaient sa politique généreuse d’immigration. Elle n’a pas bougé d’un pouce parce qu’elle considère que les droits de l’homme ont une priorité absolue et qu’ils ne se discutent pas. Je trouve cette intransigeance remarquable. Elle a fait une remarque qui m’a fait réfléchir. Si le gouvernement changeait de politique, le dommage serait bien plus considérable pour l’image du pays, que d’héberger des personnes étant poursuivies dans leur pays. Son geste à une valeur considérable en ce qui concerne l’histoire. Il démontre au monde que l’Allemagne a pu enfin se délester en partie de son histoire. C’est un appel contre le racisme, contre la discrimination éthique. Ceux qui la critiquent ont peut-être oublié que c’est de ce pays qu’est parti le plus grand massacre de l’histoire. Le meurtre de millions d’innocents dans les camps ou dans les ghettos. Angela Merkel n’a pas agi d’une manière mesquine. Elle sait que le pari risque d’être gagné, si le peuple continue à la soutenir. Ce n’est pas facile dans le contexte actuel d’insécurité. Les statistiques ont démontré que le danger ne venait pas exclusivement des réfugiés. Il y a bien sûr des tensions, des tentatives de crimes, mais par rapport aux nombres de personnes ayant trouvé refuge en République Fédérale c’est infime. Évidemment pas une raison de lâcher du leste, au contraire. Il est évidant que les effectifs de la police doivent être plus grands. Ces dernières années le nombre des forces de l’ordre a diminué pour des raisons budgétaires, ce qui est une erreur. Il s’est aussi avéré nécessaire que les jeunes migrants doivent être plus suivis, que leurs chances d’intégration dépendent d’une formation scolaire et professionnelle. L’apprentissage de la langue du pays d’accueil doit avoir la priorité.
Il serait bon qu’en Europe il y ait plus de solidarité. Mais un peuple comme la Pologne, qui se dit être le plus catholique du continent, se rebiffe contre les étrangers. Le gouvernement n’est pas d’accord de recevoir sur son territoire les quelques migrants auxquels il devraient accorder l’asile. Le Pape François n’a pas manqué de critiquer une attitude qu’il considère comme n’étant pas très chrétienne. Bravo ! Dans un tel contexte de rejet, l’humanité de Madame Merkel fait le plus grand bien. Et ce qui force l’admiration, c’est qu’elle refuse de se soumettre à un chantage, que celui vienne de ses partenaires chrétiens-sociaux ou de l’extrême-droite. Et tout ceci sans aucuns signes de faiblesse et sans aucune sentimentalité. Elle suit ce que sa conscience lui dicte et propage ainsi, tout au moins chez moi, un sentiment de sécurité. Elle sait parfaitement qu’il y aura encore des attentats, qu’ils soient islamiques ou néonazis. Mais malgré ces menaces, elle s’engage avant tout pour le maintien d’une société démocratique où tout le monde à sa place. La meilleure réponse à apporter à des autocrates comme Recep Erdoğan. Nul régent ne pourra faire des miracles en ce qui concerne les attentats.
pm