L’Euro de football lève son rideau aujourd’hui. Ceci, pour ma part, avec un sentiment mitigé. J’aime ce sport et passe pas mal de temps à regarder les matchs à la télévision, ceci bien calfeutré dans mon fauteuil et à l’abri des extrémistes de toutes obédiences qui n’ont qu’une chose en tête : transformer en un bain de sang ce qui devrait être une fête. Je suis inquiet et appelle de tous mes vœux que tout cela se passe dans la paix. Près de 90.000 agents de l’ordre, services secrets en compris, auront la difficile tache de déjouer toutes tentatives d’attentats. Comme nous le savons, le terrorisme connaît d’autres règles. Il se manifeste où on l’attend le moins. Cela peut se passer dans une ville de province, à la campagne, dans la rue comme dernièrement en Turquie ou dans des lieux de prières. Le monde politique le sait bien, mais il serait fatal de montrer une quelconque crainte. Il faut faire comme si de rien n’était. L’État doit démontrer qu’il ne se soumet pas au chantage, qu’il est prêt à relever le défi. Si j’avais une quelconque responsabilité, je n’agirais pas autrement. Je donnerais même le feu vert au « public-viewing » du Champ-de-Mars ou ailleurs. Évidement un lieu privilégié pour tous ceux qui se mettent en tête de se faire sauter ou de tirer des salves de fusils-mitrailleurs. Tous les supporteurs qui se rendent dans de tels lieux devraient en être conscients.

Mais il n’y a pas que cela. Le pays est secoué par des conflits sociaux, en particulier en ce qui concerne la loi du travail. Comment assurer ainsi un déroulement sans heurts de ce championnat d’Europe ? Des grèves peuvent être déclenchées à tous moments et rendre caduque le déroulement harmonieux des matches. Et tout ceci avec des nerfs mis à blanc, comme c’était le cas cette nuit à Marseille. Pour l’instant il ne s’agissait que d’échauffourées entre des fans anglais et leurs homologues français. Pour les fauteurs de troubles un terrain propice pour les dénaturer encore plus. Il suffit d’une étincelle pour tout embraser. Ce genre d’altercations est un excellent moyen de mobiliser la police pour parallèlement agir dans l’ombre. Ce genre de provocations peut cacher tout autre chose, comme la préparation d’un attentat. Je n’aimerais pas être dans la peau du ministre de l’intérieur. Mais ce n’est pas tout. La FIFA et l’UEFA sont le miroir de notre société, pourrie par la corruption et par le clientélisme. Un état de fait nauséabond qui démontre à quel point de décrépitude se trouvent nos valeurs. Pour tous ceux qui luttent soi-disant pour la morale, un état de prédilection. Les fondamentalistes peuvent s’en donner à cœur-joie, arguant qu’un tel lisier doit être éliminé par les armes. Cela leur donne une certaine raison de vouloir faire le ménage. Chasser les marchands du temple pourrait être leur motivation. Comme on le voit, l’Euro se trouve avant même d’avoir commencé dans le bourbier. Que faut-il faire ? Boycotter cette manifestation ? Je ne le ferai pas car cela ne servirait qu’à donner de l’élan aux fous de Dieu. Ce serait approuver le terrorisme. Ne comptez pas sur moi ! Pendant la durée d’un match, je veux tout oublier. C’est mon droit le plus absolu. Cela n’empêche pas que je veuille m’engager pour la paix. En ayant peur, cela tiendrait de l’impossible !

pm

http://www.lemonde.fr/euro-2016/article/2016/06/10/euro-2016-heurts-entre-supporteurs-anglais-et-marseillais-sur-le-vieux-port_4946381_4524739.html

Pierre Mathias

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