Najim Laachrouichi, le deuxième kamikaze, a été identifié grâce aux caméras de l’aéroport de Bruxelles. Ce qui est déconcertant sur ces images, c’est le calme apparent de cet individu. Peu de temps avant son suicide, il semble des plus sereins, comme s’il était effectivement un vacancier se rendant à Majorque ou ailleurs. Pas l’ombre d’une angoisse. La démonstration que nous nous trouvons face à des personnes ayant des nerfs d’acier. Pour moi la question de savoir à qui vraiment nous avons à faire ? Réviserais-je mon opinion, celle que nous nous trouvons face à des malades mentaux ? Je ne le crois pas. Cela me fait plutôt penser à mon professeur de chimie, qui était un alpiniste très connu et qui considérait la mort comme un fait fascinant. Il l’incluait dans sa passion des montagnes. Elle était un compagnon l’invitant constamment à la défier. Une attitude qui nous paraissait assez cynique, en particulier lorsqu’il nous parlait de ses amis morts au cours des ascensions. Il était prêt à subir le même sort que Najim Laachrouichi, mais avec une différence de taille : ce n’était pas un assassin. Pour tous ceux qui luttent contre le terrorisme il est indispensable de s’occuper de la psychologie de ceux qui sont prêts à se « sacrifier » soi-disant au nom d’une grande idéologie, qui prennent la mort comme une délivrance ayant pour but d’assainir à leurs yeux un monde décadent. Il y a de quoi frémir ! Est-ce de l’aveuglement ou tout simplement l’incapacité de se battre positivement pour plus de justice ? On voyant ainsi celui qui attirera dans la mort nombre d’innocents, j’en perçois du désarroi. Est-ce de l’indifférence que je lis dans ses traits ? Du mépris par rapport à ce que nous sommes? S’il y avait le moindre signe d’un fanatisme quasi religieux, j’arriverais mieux à comprendre ce qui a pu pousser cet homme à commettre un tel crime. L’aveuglement provoqué par une foi sans concession pourrait me sembler assez logique.

Mais non, rien de tel dans son expression, que du quotidien ! Avons-nous à faire à des kamikazes ressemblant à ceux de la dernière guerre mondiale, qui se précipitaient avec leurs chasseurs sur des bateaux de guerre américains ? À ces japonais qui ne semblaient pas avoir la moindre trace de sentiments ? Des hommes robots, programmés d’avance en des machines à tuer ? Pas l’ombre d’une émotion ! L’homme que nous voyons sur la photo ne correspond aucunement à ce cliché. Je pense que nous préférions voir un être sanguinaire, mais ce n’est pas le cas. Plutôt un être comme toi ou moi qui nous ferait pas peur si nous le rencontrions à l’orée d’un bois. Najim Laachrouichi correspond plutôt à Monsieur tout le monde et c’est cela qui est profondément déconcertant. Est-ce la démonstration que les attentats, où qu’ils se déroulent sur la planète, sont du domaine de la banalité ? Des faits communs qu’il faut inclure dans son plan de vie ? Je serais enclin à le croire en voyant ces images. Et ce n’est justement pas la démarche que nous devrions suivre. Il ne faut en aucun cas que la mort violente fasse partie du quotidien. Non, elle doit rester l’exception, même si les faits nous dictent une autre approche. Il faut la rejeter véhément, la bannir de nos pensées.

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/03/23/attentats-de-bruxelles-najim-laachraoui-identifie-comme-le-deuxieme-kamikaze-de-l-aeroport-de-zaventem_4888877_3214.html

Pierre Mathias

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