Faire l’amour lorsqu’on est sans emploi ne doit pas être une sinécure. Être fou d’inquiétude lorsqu’on ne peut plus payer son loyer n’encourage pas des débats sexuels qui devraient être signes de bien-être. Il n’y a pas de doutes, le libido en prend un sacré coup ! Le titre de cet article de Libération me laisse songeur. Il conduit tous lecteurs à se poser des questions sur l’opposition d’un grand nombre d’étudiants et de lycéens contre le nouveau projet de loi concernant le travail. Pour ma part – tout en ayant été un syndicaliste engagé – je trouve déconcertant que nombre de jeunes ne soient pas prêts à faire des choix. Il ne fait pas de doute pour tous êtres censés, que l’emploi doit avoir la priorité absolue. Je sais, Myriam El Khomri a fait le choix d’encourager la relance, ceci parfois au détriment de revendications concernant les conditions de travail. Elle veut donner aux entrepreneurs plus de marge de manœuvre. Il en va également des possibilités de licenciements. Une option logique lorsqu’on observe les difficultés que rencontrent l’économie. Il n’est pour autant pas dit que de telles règles donnent un coup de fouet au marché du travail. Le problème se situe ailleurs. Bon nombre de maisons sont depuis des années plongées dans une certain léthargie en ce qui concerne le renouveau technologique. « Made in France » en a pris un sacré coup. Ce pays qui était connu pour l’originalité de ses produits, s’est recalé dans une certaine banalité. On est loin de l’élan suscité par des inventions originales, comme par exemple la DS. Plus rien de bien révolutionnaire. Le but était alors de se lancer dans des opérations défiant la logique, de surprendre constamment les consommateurs. Aujourd’hui on ne se démarque plus des autres. Ce n’est pas le bon terreau pour l’esprit inventif, au contraire. Avant de penser aux conditions de travail, il faudrait en avoir un ! C’est ce que semble oublier les jeunes qui manifestent dans la rue.
Les revendications – bien que justifiées – me semblent un peu obsolètes dans une situation pour l’instant irréversible. Il faudrait avant tout mettre en marche des mesures pouvant encourager la relance. Le gouvernement l’a fait ! Je suis déconcerté de voir que les revendications n’ont guère évoluées depuis le temps où j’étais actif syndicalement. Je pouvais observer alors, que des questions relatives à la durée du travail, prenaient un poids considérable, au lieu de s’atteler aux questions existentielles comme l’expansion des places à pourvoir. Créer de la richesse est une priorité absolue. C’est pourquoi je soutiens la réforme, même si elle me fait parfois grincer des dents. Ce qui me manque aussi, c’est la volonté de mettre la main à la pâte. On revendique tout d’abord sans vouloir placer son énergie dans l’expansion économique de la France. C’est un état d’esprit que j’ai de la peine à accepter. Vouloir régler la vie au sein de l’entreprise sans avoir de boulot, me semble être plutôt schizophrène. Oui, faisons l’amour, mais dans des conditions acceptables. Le chômage des jeunes est insupportable. Envisager qu’ils n’aient pas d’avenir encore plus. Parler d’une génération perdue est le comble du cynisme. Je pense qu’il serait temps de mettre la relance au centre des préoccupations.
pm
http://www.liberation.fr/france/2016/03/09/faites-l-amour-pas-des-heures-sup_1438628