Xavier Beulin, le président de la FNSEA, est contrairement à ce qu’il prétend, un industriel et non pas un agriculteur. Lorsqu’il recommande à ces derniers d’agrandir leurs exploitations pour les adapter ainsi aux conditions actuelles du marché, il les conduit au suicide. Ce n’est pas sans raison que le Président de la République a été hué lors de sa visite au salon de l’agriculture. Les exploitants sont acculés à la ruine, car on les a poussé à faire des dettes qu’ils ne pourront jamais rembourser. Vouloir encourager la quantité au dépend de la qualité est une hérésie. Où ira-t-on ? À l’effondrement total de l’agriculture traditionnelle qui est la marque d’un pays ? Qu’on se le dise, il est impossible de faire une comparaison avec un outil industriel, qui se doit avant tout d’être rentable. Souvent des entreprises sans âme. Il en est autrement de l’agriculture, qui à côté de la productivité, est garante du maintien de l’environnement. Les usines agro-alimentaires détruisent l’âme d’un pays. Elles contribuent à tuer la paysannerie et peuvent amener tout un pays à la friche, à l’anarchie complète de la nature. Qu’on se le dise, cela signifierait une baisse énorme de la qualité de la vie. Tout État qui se respecte doit en être conscient, mais aussi les consommateurs. Tant qu’ils exigent des prix d’achats défiant toute concurrence, ils enfoncent les clous des cercueils qui sont réservés aux paysans. Dans de telles conditions il n’est pas étonnant que le désespoir prend de plus en plus de place et les mène à mettre fin à leurs jours.
Que voulons-nous ? Une alimentation normée sans aucune vie ? Où au contraire des produits du terroir qui nous font rêver ? Avec le TTIP la déchéance est programmée. Il soutient avant tous les trusts internationaux, qui n’en ont rien à faire de la vie bucolique. Pour qui les hommes ne sont que des machines, qu’on jette lorsqu’elles sont usées ou non-rentables. L’homme joue dans un tel contexte qu’un rôle accessoire. La mort des agriculteurs est représentative pour ce que l’avenir nous réserve. Une société où les nantis font la loi au dépend d’une masse de gens incapables de se défendre, où la solidarité est foulée des pieds. Il serait temps de changer enfin de fusil d’épaule. Au lieu de propager des idées fausses d’expansion, il serait indispensable de donner de nouvelles chances à des exploitations familiales en propageant l’idée que la production de produits haute gamme est un gage de qualité de vie pour nous tous. Faire comprendre au consommateurs que cela a un prix ! Je sais que dans une période de crise économique le porte-monnaie est souvent vide et que le bon marché est une garantie de survie. Sans une aide effective de l’UE aux petits agriculteurs, nous assisteront à un effondrement complet d’une infrastructure qui coûterait en fin de compte bien plus. Donner de l’argent aux trusts alimentaires est insupportable, car elle encourage le mépris de l’individu, marque son esclavage. Chaque exploitation qui meurt nous pousse encore plus dans un monde ressemblant à « Métropolis » de Fritz Lang. Ce grand metteur-en-scène a démontré dans son film, où nous dirigeons, au déni de la vie. Une terre sans agriculteurs est vouée à la mort. C’est ce que nous devrions nous dire en allant faire nos courses.
pm
http://www.liberation.fr/debats/2016/02/28/crise-agricole-traduire-la-fnsea-en-justice_1436310