L’attaque d’un lycéen d’origine kurde contre un homme portant la kippa à Marseille, nous replonge dans le passé sinistre de l’Occupation. Un gosse de 15 ans attaque un juif, parce qu’il a le tort d’appartenir à une communauté religieuse ne correspondant pas aux vues des islamistes. Après le drame du super-casher à Paris, il y a une année, les délits antisémites se multiplient. Ils ont pour l’instant une origine avant tout politique, celle du Proche-Orient. Mais ne nous faisons pas d’illusions. Dans la société française il y a encore toujours dans certains milieux un rejet en ce qui concerne les juifs. Le tollé général que devrait déclencher de tels méfaits, n’a pas eu lieu. Où sont les rassemblement de masses dans les villes ? Y a-t-il eu une levée de boucliers de la part des intellectuels ? Mêmes les partis, qu’ils soient de droite ou de gauche, sont restés plus ou moins sur leur réserve. Ils ont certes condamné ce qui s’est passé à Marseille, mais pas plus. Il y a un problème de fond concernant le racisme et ceci sous toutes ses facettes. Je suis outré lorsque des mosquées sont profanées et que les croyants sont bafoués. L’énorme majorité des musulmans ne portent pas la responsabilité des actes inadmissibles commis par l’EI. De même les membres de la communauté mosaïque lorsqu’il s’agit des crimes commis dans les territoires occupés par certains israéliens orthodoxes. Il est terrible lorsqu’un tel amalgame se fait. Vouloir mettre au pilori un grand nombre de personnes que parce qu’elles portent la kippa ou parce qu’elles se tournent vers la Mecque pour les prières quotidiennes, me choque au plus profond de moi-même. Peut-être ai-je la naïveté de croire à la bonté de l’homme. Tant qu’il peut en tirer des avantages, il l’est Mais gare s’il se sent menacé. Je suis toujours sidéré lorsque j’entends de bons chrétiens dire que la mort du Christ est due à la perfidie des juifs ! Comme si les catholiques ou les protestants étaient des enfants de chœurs ayant à leur actif que la miséricorde. On en est loin !

Une chose est évidente : les effets nauséabonds de l’antisémitisme sont encore toujours présents et rendent la vie de bien des juifs de plus en plus insupportable. François Hollande fait bien de le faire remarquer. Une vague de départs a eu lieu et se perpétuera tant qu’il y aura des menaces. C’est humain, mais déplorable pour la patrie des droits de l’homme. L’image de la France en est souillée ce qui ne contribue pas à la fraternité. La liberté et l’égalité ne doivent pas devenir des slogans gratuits, que chacun profère à sa guise. S’ils ne sont pas suivis de faits, ils sont caduques. Tout cela m’afflige profondément. Je ne suis pas pour autant obligé de croire en tel ou tel Dieu pour me sentir concerné. Le fait de ne plus pouvoir porter la kippa en publique est une marque discriminatoire, comme l’a été l’étoile juive sous le nazisme. Je crains que cette le refus de vivre sa croyance, due à la peur, soit secrètement approuvé par beaucoup de citoyens. Comme celle de l’interdiction de porter le voile dans des lieux réservés à tous. Ce n’est pas le but de la laïcité, que j’approuve au demeurant, de montrer du doigt certaines ethnies. Non, reprenons-nous enfin ! Sans la tentative d’obtenir plus de tolérance, nous allons au devant de graves ruptures qui pourraient un jour se transformer en guerre civile. Je n’exagère malheureusement pas !

pm

http://www.liberation.fr/france/2016/01/13/a-marseille-le-combat-de-la-kippa_1426277

Pierre Mathias

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