Les chefs de gouvernements réunis hier à Bruxelles pour essayer de régler le problème de l’immigration massive dont est soumise actuellement l’UE, se sont mis d’accord avec la Turquie afin de créer sur son territoire de nouveaux centres d’asile. Cela impliquerait la création de camps de retention où chaque cas serait passé à la loupe. Chaque migrant ayant reçu le statu de réfugié politique pourrait alors continuer sa route en Europe et devrait s’établir où les autorités l’ont prévu. Il va de soi que leur nombre serait limité, ce qui provoquerait de grandes déceptions et aussi des injustices. Il est question aussi de renforcer nos frontières extérieures en prévoyant des contingents communautaires formés de garde-frontières. Sûrement une mesure qui vient trop tard. Il est évident que du point de vue de l’éthique humanitaire, de telles initiatives ne me remplissent pas de joie, mais je dois reconnaître qu’il n’y a guère d’autres solutions pour stabiliser la situation. Il est tout de même triste que tout cela se soit déroulé sous la contrainte. Il aurait été préférable qu’un tel système ait existé avant la création de l’espace Schengen. Mais il est inutile de regarder en arrière. La Turquie devrait en échange à un contrôle plus stricte de la frontière avec la Grèce et la Bulgarie, recevoir un milliards d’euros. Ankara réclame trois fois plus. Cette somme annuelle serait aussi affectée pour améliorer l’ordinaire dans les endroits d’accueil. En ce moment près de deux millions de réfugiés se trouvent encore dans le pays. Il est prévu de tout faire afin qu’ils ne se mettent pas en marche.

Comme l’a déclaré Angela Merkel, ce sont certes des mesures adéquates, mais elles ne régleront pas les problèmes dans leur fond. Sans une offensive diplomatique, parfois militaires, dans les pays concernés, ce sera toujours du rafistolage. Il faut créer les conditions nécessaires pour inciter les populations à ne pas quitter leurs patries. Cela implique avant tout que les armes se taisent afin que la paix puisse être envisagée. En ce qui concerne la Syrie, c’est malheureusement un vœux-pieu. Les parties concernées ne se soumettront à aucun compromis. L’engagement russe n’arrangera rien, car il a pour seul but de soutenir le tyran qui a été à l’origine de cette guerre civile. Sans son éviction, inutile d’entamer des négociations. Ce qui est fatal dans ce contexte, c’est que le peuple est de plus en plus décimé, peu importe qui exerce le contrôle des régions concernées. Il y a urgence, mais les protagonistes espèrent qu’en gagnant du temps, ils pourront avoir des avantages. C’est la nature même des conflits claniques qui enraillent toutes tentatives d’accord. L’UE voudrait pour cause que tout se règle bien plus rapidement. Mais elle n’est pas en mesure d’exercer une pression. Comme quémandeur nous nous sommes engagés dans une position de faiblesse. D’autre part il faut constater, que dans le domaine de la politique étrangère, l’occident bat de l’aile. Personne nous écoute, pire encore, personne ne nous prend au sérieux. Une tare terrible pour la construction de l’Union Européenne. Le drame des réfugiés a démontré nos faiblesses. Ce ne sont pas des barbelés à nos portes qui changeront grand chose. Notre copie est à revoir.

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/10/16/migrants-un-accord-conclu-a-bruxelles-avec-la-turquie_4790609_3214.html

Pierre Mathias

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