Martin Winterkorn, le patron de Volkswagen, a dû prendre son chapeau, comme il était à prévoir après les révélations concernant les logiciels de contrôle écologiques des moteurs Diesel. Il y a eu fraude et même si l’ancien PDG prétend n’avoir rien su, il est permis d’en douter. Il s’est toujours targué connaître tous les modèles construits par son groupe sur le bout des doigts. Il avait la réputation d’être plus que tatillon. Il a été pendant huit ans à la tête de l’entreprise et à réussi à presque doubler la production, de 5,7 millions de voitures en 2006 à plus de 10 millions aujourd’hui. Le chiffre d’affaire est passé dans le même temps de 104 à 202 milliards d’euros, le personnel de 329000 salariés à 600000, le nombre des usines de 48 à 119. Une évolution peut-être trop rapide qui aujourd’hui montre ses failles. Cela me donne l’occasion de me poser des questions sur le bien-fondé de ce genre de trusts. À force de vouloir rationaliser, une centralisation est inéluctable. Pour pouvoir baisser les prix de production, les différents modèles se servent des mêmes pièces-détachées, ce qui rend les structures inamovibles. La moindre panne peut entraîner tout un groupe dans la misère. C’est ce qui se passe actuellement !
Cela se répercute aussi sur les ventes. Le moindre fléchissement, comme c’est le cas cette année pour la Chine, perturbe toute l’entreprise. Il y a bien les différentes marques, entre autre Audi, Skoda, Seat ou Porsche, mais comme elles dépendent finalement plus ou moins directement de la centrale de Wolfsbourg, la moindre montée de fièvre peut les paralyser. Au lieu de créer un grand nombre d’unités indépendantes, que ce soit dans la fabrication, dans le marketing, dans la vente et avant tout du point-de.vue juridique, la politique de Volkswagen s’est mis à faux par rapport à un système qui a fait ses preuves. En Allemagne Bertelsmann a démontré comment il faut procéder. La holding regroupe un grand nombre de sociétés qui se gèrent indépendamment l’une par rapport à l’autre. Si l’une d’entre-elle se trouve en difficultés, elle n’entraîne pas les autres dans son giron. C’est un garde-fou qui a fait ses preuves. Sous cet aspect, il est permis de se poser la question si le système VW est encore d’actualité ou s’il ne faudrait pas prendre l’occasion de ce désastre pour changer de cap ? Personnaliser plus la production, créer une concurrence interne et employer d’autres méthodes de ventes, pourrait revitaliser le groupe. Vous allez me dire que tout a pour ainsi dire baigné dans l’huile jusqu’en 2014. C’est exacte ! Mais nous vivons aujourd’hui d’autres donnes. La croissance folle des pays émergents est en train de s’essouffler. Ce fait devrait inciter les grands patrons à modifier leurs stratégies. Ils ne le font pas s’ils n’y sont pas contraints. Maintenant Volkswagen ne pourra pas faire autrement que de revoir de fonds en comble toute sa copie. Le nouveau PDG devrait avoir le courage de regarder en avant, coûte à vendre certains segments du groupe. Ce qui amènera fatalement à une réduction des effectifs. Je pense que cela sera inévitable, même si les syndicats feront opposition. L’avenir nous dira si une décentralisation des outils de production, peu importe dans quelle branche, ne sera pas la solution à promouvoir ? Une garantie plus solide pour sauvegarder les emplois ? Qui sait ?
pm
