Ce sont souvent les pires personnages de l’histoire qui aiment les opérettes. Plus elles sont sentimentales, plus elles leur donnent la possibilité de s’essuyer une larme. Adolf Hitler n’était pas insensible à ces histoires à l’eau de rose. Un sentimentalisme insupportable lorsqu’on sait ce qui s’est passé dans les camps de concentration. L’orchestre, formé par des détenus, devait jouer des valses et des mélodies suaves évoquant l’amour, pendant que des déportés étaient gazés. Le cynisme de cette musique m’a toujours gêné, car il n’a qu’un but, celui de masquer la cruauté, le mépris d’autrui, l’exclusion. Peut-être la raison pour laquelle la monarchie austro-hongroise a pu se maintenir autant de temps. Lorsqu’il est question des tziganes, je supporte mal la soi-disant bienveillance des héros de ces opérettes. Je pense qu’à Budapest comme ailleurs, la discrimination était horriblement dure à supporter, comme c’est le cas aujourd’hui, dans ce pays que je ne peux plus que considérer comme étant félon. Comment peut-on se disqualifier ainsi ? Mais ces mélodies sont aussi évocatrices pour une certaine mentalité, celle d’un esprit de supériorité qui est complètement aléatoire. L’opérette a toujours eu comme rôle de droguer les foules, de mener les idiots par le bout de leur nez ! Cela s’est perpétué dans les films produits pendant les hostilités de la dernière guerre mondiale. Il s’agissait de bourrer le crâne des soldats avec des futilités, leur faire croire qu’ils se battent pour la pureté de l’esprit. En soit une démarche identique de celle des 72 vierges qui n’attendent qu’à être baisées par les tortionnaires du Deash. De l’attrape-nigaud !
Les potentats cherchent ainsi à se donner une âme. Que cette dernière soit souillée ne les gêne guère. Lorsque Viktor Órban se décrit comme le sauveur de la chrétienté, c’est une mauvaise opérette. Comme il croit agir pour une cause noble, cela ne le gêne aucunement de traiter les réfugiés comme des bons à rien. Et dans tout ceci il est suivi par un peuple qui semble avoir perdu toute moralité. Mais attention, les Hongrois ne sont pas les seuls à se croire supérieurs, loin s’en faut. En bouclant leur frontière, ils essayent de sauvegarder leur paradis. Un paradis à mes yeux nauséabond parce que les valeurs humaines sont foulées au nom d’un idéal discriminatoire. Peut-être feraient-ils bien de jouer des airs d’opérettes près des barbelés pour faire comprendre aux migrants, quelle sorte d’hommes ils sont ? Comme les nazis, qui raffolaient de ce genre de divertissements. La honte ! Et l’Europe dans tout ceci ? Elle ne critique que du bout de ses lèvres une attitude incompatible avec nos idéaux. Heureusement que la Croatie accordera un droit de passage aux réfugiés. Je conçois tout à fait qu’un tel exode a de quoi inquiéter, mais est-ce une raison de maltraiter des personnes qui ont vécu l’enfer depuis des années ? C’est la raison pour laquelle j’appelle tous ceux qui adorent l’opérette, de se poser enfin des questions. La vie n’est pas une bonbonnière chatoyante, elle cache une cruauté qu’il faut absolument combattre, mais cela n’est pas possible en tentant de croire que tout est enrobé de sucre. Il faut qu’ils fassent comprendre aux Hongrois qu’ils agissent mal. Boycottons-les tant qu’ils ne reviennent pas à la raison !
pm