À cause de la chute du yuan, la monnaie chinoise, le prix du brut a baissé considérablement hier à Wall Street. Le pétrole est un bon sismographe pour comprendre ce qui se passe au niveau économique en général. Il est évident que les nations émergentes ne peuvent pas tenir le rythme en ce qui concerne leurs taux d’expansion annuel. La Chine a fait d’énormes efforts pour se placer au premier rang, mais montre aujourd’hui des signes d’essoufflement. Tant que le pouvoir d’achat de sa population sera limité, son économie ne pourra pas avoir de bases solides. Cela revient à dire que le prix du travail doit être augmenté en conséquence, mais cela rendra impossible de maintenir « l’esprit dumping » qui règne actuellement et qui nous rend la vie si difficile en Europe et ailleurs. Une fois de plus ce sera le social qui définira la voie à suivre. En baissant le taux de change du yuan, il est possible pour un certain temps de réactiver le marché. Mais ce n’est pas une mesure à long terme. Tant que le gouvernement maintiendra une infrastructure politique, telle que nous la connaissons, il ne pourra pas y avoir de correctifs profonds. Les dirigeants n’ont pas encore compris que ce n’est pas à coups de décrets qu’il sera possible de maintenir le cap fixé. L’essor économique est étroitement lié aux infrastructures, mais tant que ces dernières sont trop rigides, il manquera un jour d’oxygène.

Que nous le voulions ou pas, ce pays se trouve à la croisée de deux chemins. Ou bien il accepte une démocratisation ou il reste campé sur des valeurs qui aujourd’hui sont obsolètes. Le communisme n’a pas réussi à donner à la population le bien-être qu’elle espérait. Une élite se graisse la patte et ne lui laisse que des miettes, ce qui conduira ce pays un jour à la révolte. D’un côté un capitalisme qu’on pourrait considéré comme terriblement vorace, de l’autre une misère dans les campagnes qui est parfaitement incompatible avec les buts visés. Malgré des mesures draconiennes, la corruption et le clientélisme règnent toujours. Tant qu’il n’y aura pas une vague de fond, il est à craindre que la Chine retombe dans la récession. Cela aurait pour nous tous des conséquences fatales. Nous ne pouvons pas simplement ignorer que 1.373 000 000 habitants y vivent. Un marché considérable pour nos exportations. La communauté internationale a tout intérêt à inciter ses dirigeants à plus de démocratie. Mais attention : nous ne devons pas ignorer les mentalités. Vouloir imposer notre système occidental à d’autres nations, s’est souvent avéré être utopique. Au lieu d’instaurer plus de justice, l’anarchie a gagné du terrain et a causé des remous, qui ont obligé l’armée d’intervenir. Le résultat : un régime encore plus autoritaire que cela n’avait été le cas auparavant. La méthode de l’électrochoc peut enclencher un déséquilibre total et faire vaciller tous les acquis. Je pense qu’il sera notre devoir avant tout d’observer ce qui se passera et d’éviter toutes interventions erronées. Le processus de libéralisation que nous attendons tous, prendra beaucoup de temps. Ce n’est qu’en « allant mal » que l’homme commence à réfléchir. Il en est de même pour la République populaire ! Peut-être bien que le ralentissement marquera une nouvelle étape, qu’il sera nécessaire de franchir.

pm

http://www.lemonde.fr/economie-mondiale/article/2015/08/11/affecte-par-la-baisse-du-yuan-le-petrole-chute-a-new-york_4721345_1656941.html

Pierre Mathias

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