Demain se réuniront les chefs de gouvernement pour essayer de trouver enfin une solution à la crise grecque. Seront-ils prêts à faire des concessions pour éviter en dernière minute un « Grexit » ? Alexis Tsipras présentera-t-il enfin un programme de mesures allant dans le bon sens ? Après tout ce qui s’est passé jusqu’à présent je me permets d’en douter. Il veut pousser ses créanciers à accepter une remise partielle de la dette, sachant bien que son pays ne pourra pas rembourser l’argent qu’il doit. Il mettra probablement l’accent sur les problèmes économiques que connaît son pays. Pas de vrai infrastructure industrielle, un système étatique vétuste, beaucoup de corruption, telle est la réalité. Sans une reconstruction totale rien ne sera possible. Les gouvernements de la zone euro, en particulier l’Allemagne, se sont concentrés avant tout sur les coupes budgétaires, ce qui à mon avis a été une erreur fondamentale. Ils auraient dû aussi trouver des solutions pour une relance. Générer de l’argent est la meilleure solution pour se tirer à long terme d’affaire. Appauvrir toute une nation n’est pas acceptable au sein d’une union qui se veut solidaire. Même si j’émets des critiques envers Alexis Tsipras et ses ministres, je dois reconnaître que comme chef de gouvernement il ne peut pas prendre des mesures qui aggraveraient la précarité. Le sort des familles lui tient à cœur, ce qui est parfaitement normal. Pour amener des citoyens à changer leurs habitudes quotidiennes, il faut leur donner espoir. Sans la perspective d’un avenir meilleur, tous efforts seraient vains.
Pour arriver à un compromis la Grèce doit faire des efforts et reconnaître qu’un compromis est la seule solution possible. Un Grexit n’est pas envisageable, tout au moins pour des personnes censées. Il plongerait le pays dans une situation impossible à gérer. Ceux qui veulent nous faire croire, que cela n’aurait pas de conséquences sur nous, se concentre essentiellement sur les questions monétaires. Ils oublient le raz-de-marée politique que cela entraînerait. Qui pourrait encore avoir confiance en l’Europe ? Malgré toutes les bonnes raisons d’être fâché par l’intransigeance d’Athènes, il ne serait pas étonnant qu’on reproche à l’UE un manque de solidarité. Elle ne serait plus crédible aux yeux de beaucoup, ce qui entraînerait un affaiblissement de l’euro. Un tel scénario serait psychologiquement un désastre. Nommer les responsables d’une telle option ne servirait à rien. Beaucoup de citoyens au sein de l’Union se demanderaient s’il est opportun de continuer à soutenir des institutions qui ne fonctionnent pas en cas de crise. Les populistes et nationalistes pourraient pavoiser. Mais il est aussi clair que si nous acceptons les revendications grecques, se serait injuste envers les pays qui ont fait de grands sacrifices pour stabiliser leurs budgets. Il ne doit pas avoir deux poids et deux mesures. Je comprends parfaitement qu’une remise de la dette ne peut pas être envisageable, même si elle était logique. Parfois j’ai l’impression qu’Alexis Tsipras veut faire échec à tous consensus afin de pouvoir faire fléchir ses créanciers. Un jeu d’échec fatal pour toutes les parties concernées. Une attitude déconcertantes qui pourrait mettre un terme à l’idée européenne. Une issue terrible qui nous rejetterait en 1945.
pm