Neuf morts dans une église à Charleston en Caroline du Sud, une paroisse à majorité noire. L’auteur de ce crime raciste, un jeune homme de 19 ans, a été arrêté. Dylann Roof, un blanc, nous a ainsi replongé dans une atmosphère que la majorité d’entre-nous souhaiterait voir définitivement révolue : la recrudescence de la haine envers les afro-américains. Le fait d’avoir élu un président de couleur à la tête des États-Unis ne change rien à ces faits. Les « bévues » de la police, où les victimes ont été des noirs, démontrent que le pays se retrouve plongé, à moins d’une année des présidentielles, dans un climat de suspicion. La démographie nous prouve que les blancs ne seront plus majoritaires, remplacés par les hispaniques et les descendants des esclaves africains. Le parti Républicain a énormément de mal à s’adapter à une telle réalité. Seul un candidat comme Jeb Bush, peut envisager un tel revirement, sa femme étant une mexicaine. Ce qui se passe est le chant du cygne d’une certaine forme de la société : celle des immigrants venant d’Europe, que ce soit du Royaume Uni, d’Irlande ou d’Italie. Tous ceux qui ont chassé la population autochtone, des indiens en majorité. Pour eux, souvent des piétistes, les Amérindiens faisaient partie d’une race inférieure qu’il fallait à tout prix discriminer. Tout autant les noirs !

Le racisme fait malheureusement partie d’une certaine mentalité qu’il est difficile de changer. Il est issu de la peur ethnique, celle de perdre pied par rapport à tous ceux qui ne font partie d’un certain « establishment ». Dans de telles conditions une tuerie comme celle de Charleston est pour ainsi dire programmée. D’autant plus que tous américains peuvent être détenteurs d’armes à feu. Celle de Dylann Roof a été un cadeau de son oncle. A-t-il agi consciemment ou s’est-il lassé entraîner par son instinct ? Je pense que la seconde alternative est la bonne. Nombre d’individus agissent aveuglément, se prenant pour les sauveurs d’une Amérique qui n’existe plus sous cette forme. Celle des premiers colons qui croyaient avoir été envoyés par Dieu pour amener la bonne parole. Pour eux il fallait avant tout lutter contre le paganisme, ce qui les encourageait tout simplement de s’approprier de leurs territoires. Des intrus prenant la religion comme prétexte. Ce drame sera-t-il suivi d’autres ? Je le pense malheureusement, car les démons du passé se sont réveillés. Le fondamentalisme, sous toutes ses formes perverses, marquera probablement la campagne électorale. Il implique un certain radicalisme qui a comme base l’exclusion. La raison pour laquelle je ne crois pas que le drame horrible de Charleston est un cas isolé. Il est la preuve que la pédagogie ne peut pas effacer des partis-pris. Bien sûr, il y a un grand nombre de personnes qui rejettent de tels accès de violence, mais ont-ils le moyen d’inverser la vapeur ? Le racisme est profondément ancré dans les mentalités et ne peut pas être extirpé par la raison. Il est probable que ce jeune homme a été confronté à des êtres intolérants, pour qui « les nègres » sont les responsables de la déchéance, du déclin des USA. Une attitude inadmissible que je condamne. Il est malheureusement à prévoir que les différentes communautés s’affronteront de plus en plus. Une guerre larvée qui pourrait s’étendre à tout un pays. Il serait temps que la politique réagisse d’une manière moins tiède !

pm

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/06/18/etats-unis-fusillade-dans-une-eglise-noire-a-charleston_4656454_3222.html

Pierre Mathias

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