62,1% des votants ont donné, lors d’un référendum en Irlande, le feu vert au mariage homosexuel. Pour un pays à 84% catholique, c’est étonnant. Plus de 60% de l’électorat s’est rendu aux urnes, ce qui pour ce genre de consultation est très élevé. C’est dire le malaise qui règne envers l’Église. La pédophilie et les violences qui ont eu lieu en son sein, ont laissé des traces qui ne s’effaceront jamais. Elle a perdu son crédit auprès d’une majorité d’Irlandais. Le clergé a beau faire son mea culpa, rien n’inversera la vapeur. Lorsqu’on a la prétention de détenir les clefs de la moralité, on doit se comporter en conséquence. Il est clair que les prêtres ont milité contre cette initiative, mais ils ont échoué, ce que je trouve parfaitement justifié. Ce qui s’est passé sur cette île, balayée par les vents de l’océan, est un raz-de-marée. Un vent de liberté, loin des tabous et des règles erronées dictées par des pharisiens, qui ne voient en elles qu’un instrument pour exercer le pouvoir. L‘ Irlande s’est départie des liens qui la paralysaient. Le signe qu’on a affaire à un peuple aspirant à la liberté.
Cela ne veut pas dire que la population renie la croyance, au contraire. Elle la place dans un contexte d’indépendance, où l’homme ne peut que s’épanouir s’il est en droit de se décider individuellement. Il ne peut pas déléguer ses problèmes de conscience sur une institution, qui vit dans un profond un malaise. Il ne la considère plus comme un phare dans la nuit qui menace de l’étouffer. Si dans l’Évangile il est toujours question de la liberté, elle doit être mise en pratique, même si elle peut heurter certains. C’est une attitude logique, plus encore, elle démontre une profonde maturité qui devrait être prise en exemple. Pour l’église catholique un pari qu’elle ne devrait pas ignorer. Ce n’est qu’en opérant des réformes profondes, qu’elle pourra se régénérer. Parmi les mesures à prendre, le célibat des prêtres. Tant qu’il est imposé elle ne pourra pas évoluer. N’oublions pas que cette loi est apparu relativement tard, qu’elle a été mise en place avant tout pour des raisons de succession. Avec des prêtres mariés il n’aurait pas été possible de multiplier la richesse d’un système qui s’est appuyé entièrement sur l’exercice du pouvoir. Depuis la sécularisation la donne a littéralement changé. L‘ Église n’est plus une puissance politique. Beaucoup de ses responsables vivent encore dans un schéma qui aujourd’hui est complètement dépassé. Son rôle a évolué et devrait lui conférer une autorité morale, qu’elle a galvaudé à causes des affaires. Elle se trouve ainsi en pleine crise comme le prouve le référendum de samedi dernier. Comment regagner le terrain perdu ? Le Pape François ne remet pas sans raison tout à plat, mais il subit des résistances qui pourraient le paralyser. Il est bon qu’il dise son avis sans prendre en considération les méandres diplomatiques que certains cardinaux voudrait voir perdurer. L‘ Irlande a démontré que les populations dans leur ensemble, et ceci dans le monde entier, ne sont plus prêtes à se laisser dicter leur marche à suivre. Un plaidoyer pour la tolérance et la liberté. Je m’incline bien bas devant un tel acte de libération. Se libérer ainsi des liens imposés par une tradition devenue obsolète, m’inspire que du respect. Je pense que le vote dépasse de loin le mariage homosexuel, qu’il est un manifeste en faveur de la libre décision. Dans un tel contexte la croyance ne peut que s’affermir. Bravo !
pm