Un de plus à avoir flirté avec le fascisme, a avoir proféré des propos antisémites et racistes. Le grand architecte Le Corbusier est de ceux qui ont collaboré avec les Nazis. Par opportunisme ou par conviction ? Des faits, qui ont été pendant des décennies mis au rancart par qu’ils gênaient. On n’aime pas qu’un grand visionnaire soit traîné dans la boue. Mais que vaut une œuvre lorsque l’homme qui en est à l’origine est vacillant en ce qui concerne la morale et l’éthique. Il rejoint ainsi Céline, Heidegger et d’autres qui n’ont pas hésité de soutenir la tyrannie et l’injustice. Une idole de plus à mettre définitivement en quarantaine. Que puis-je ressentir à l’avenir pour Ronchamp ou le monastère de La Tourette, pour moi des hauts lieux de la spiritualité ? Que dire lorsque l’architecte de ces monuments se désavoue par son action ? On tombe de haut ! Peut-être la preuve que le diable se trouve en chacun de nous. Devons-nous l’accepter ? Non ! Ces révélations, que certains se sont évertués à mettre sous cloche, démontrent bien que le fascisme est un virus qui ne fait pas halte devant l’intelligence, la sensibilité et le talent. Cela devrait nous faire réfléchir !

Aujourd’hui tous les atouts sont réunis pour le faire redémarrer. Le populisme n’atteint pas seulement les masses, aussi les artistes et les intellectuels. Il est entrain de contaminer la société, de nous pervertir. Il a pour base la haine. Que des personnes comme Le Corbusier se rendent complices de telles tendances est plus que frustrant. Que vaut l’art si il est entaché à l’origine ? A-t-il encore raison d’être ? Je ne remettrai pas en question les visions de ce grand bâtisseur, mais je suis en droit de me demander si je peux séparer une œuvre de l’homme qui en est à l’origine ? Peut-on ignorer une biographie ? La mettre en retrait? Le cas de Ferdinand Céline me met toujours à nouveau dans l’embarras. Je le considère comme étant un des plus grands écrivains du 20ème siècle, mais trouve son caractère abjecte. De Gaulle l’a gracié par ce qu’il savait parfaitement bien que ses livres ont imprégné toute une génération. Qu’ils étaient indissociables du génie français. En le menant à l’échafaud il aurait amputé le pays au niveau culturel. Que lui restait-il d’autre à faire que de le gracier ? Cela n’empêche pas que l’homme le répugnait. Cet exemple démontre bien qu’il n’y a pas de justice. S’il n’y avait pas l’œuvre, le grand écrivain aurait été exécuté. Je trouve absolument nécessaire intellectuellement qu’il y ait un débat contradictoire concernant Le Corbusier. Mais s’il ne nous apporte pas des réponses concernant le temps présent et l’avenir, il serait vain. Commet éviter à l’avenir de tels amalgames nauséabonds ? Est-ce une question d’éducation ? Faudrait-il revoir la manière d’enseigner l’histoire à l’école ? Pourquoi pas la mettre en parallèle avec des notions de civisme. Mettre peut-être fin à la glorification des tyrans, de leur retirer le piédestal sur lequel ils campent. Je pense qu’il est urgent de bien faire comprendre aux jeunes qu’il est impossible de vouloir séparer deux notions qui sont indissociables. Günter Grass l’a bien ressenti lorsqu’il a avoué sur le tard d’avoir été membre de la Waffen-SS. Il a bien ressenti qu’il devait le faire afin que son œuvre ne soit pas contaminée. Il s’est remis en question, ce que je respecte. Contrairement à Le Corbusier qui s’est fait passé pour un bon apôtre !

pm

http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/05/14/le-corbusier-ou-le-corps-ecrase_4633491_3232.html

Pierre Mathias

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