Djokhar Tsarnaev, l’auteur de l’attentat de Boston au printemps 2013, a été condamné à mort par un jury populaire. Il y a eu unanimité. Ce qui s’est passé justifie une peine lourde, mais je ne peux pas accepter le principe d’une exécution capitale. Ce jeune homme de 21 ans mériterait certes de passer le reste de sa vie en captivité, mais lui faire infliger une piqûre létale est un pas qu’aucun tribunal devrait imposer. Dans un tel verdict l’esprit de vengeance joue un rôle certain. Aussi les préjugés raciaux ou sociaux ne sont pas tout à fait étrangers à une décision qui devrait être prise dans un maximum de quiétude. L’histoire nous a démontré que la mort occasionnée par arrêté judiciaire se transforme souvent en un spectacle. Ceci pour intimider tous ceux qui pourraient commettre des actes délictueux. Une manière aussi d’imposer son pouvoir par la force. Une société civilisée ne peut pas agir ainsi. Je suis étonné que cela se soit passé à Boston, une ville libérale ayant une tradition intellectuelle. Nous nous trouvons pas au far west, loin de là. La peine capitale n’y est pas de mise.

« Tu ne tueras point ! » Cette règle est pour moi immuable et ne souffre aucune dérogation. Je suis outré que le gouvernement américain approuve une telle décision. Cela le dévalorise ! Tous chrétiens devraient rejeter la peine capitale. Seul Dieu a le droit de décider de notre sort, pas un jury ! Djokhar Tsarnaev ira en appel, mais je crains fort que cela ne changera rien. Que penser d’une justice qui se met au même niveau que celui de l’accusé ? Il voulait par son attentat, commis avec son frère, venger la mort de ses coreligionnaires en Irak ou ailleurs. Pas par le dialogue ! Pas en s’engageant politiquement. Si les institutions réagissent de leur côté de même, tout dialogue est impossible. Il est illusoire de croire que le terrorisme international puisse être vaincu par la force. Certes il faut intervenir avec les armes lorsque la situation l’exige, mais en essayant d’éviter tout bain de sang. Il en va de la démocratie qui ne peut que prospérer dans la tolérance. Je sais qu’une telle attitude est difficile à accepter lorsqu’on est victime d’actes criminels, mais il en va de la société toute entière. Lorsqu’on suit aux États Unis l’action de certains policiers, on est en droit de se demander si l’exclusion ne guide par leur action ? Comme par hasard les victimes de leur hargne sont pour la plupart du temps des noirs issus de milieux peu privilégiés. Des exécutions arbitraires à mettre en parallèle avec la peine de mort. Tant que la justice ne s’impose pas une attitude humaine, elle donne un blanc-seing à de tels dérapages. Tant que la vie est soumise à des règles erronées, elle ne vaut pas grand chose. Légaliser la mort comme c’est le cas dans certaines régions des USA encourage « les crimes d’états » Le message pour la police est clair : tuer lorsqu’elle en éprouve le besoin ! Où y a t-il des gardes-fous ? Lorsque douze personnes peuvent décider à elles-seules de la mort d’un accusé, tout est permis ! Je suis le dernier à vouloir accepter de tels actes terroristes. Ils doivent être punis sans concessions, mais dans un esprit d’ouverture. Ce n’est pas le rôle de la justice de se substituer au bourreau. Tous verdicts doivent avoir un aspect pédagogique. Il s’agit de convaincre des criminels potentiels, qu’il y a d’autres moyens de concevoir la vie. Le vengeance n’apporte rien, au contraire. Elle incite à la violence ! Est-ce le but voulu ?

pm

http://www.liberation.fr/monde/2015/05/15/la-peine-de-mort-pour-djokhar-tsarnaev_1310300

Pierre Mathias

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