Alexis Tsipras s’est rendu en Allemagne, où il a été reçu lundi par Angela Merkel. Il était temps que ces deux dirigeants se rencontrent pour un tête-a-tête. Ils ont essayé de mettre du baume sur leurs relations qui ne sont pas au beau fixe. Depuis la guerre, les relations entre les deux pays n’ont jamais été au plus bas. Des injures du côté des Grecs, l’essai de mettre sur un même plan la République Fédérale avec le régime nazi. Des attaques verbales, qui se répercutent dans des caricatures représentant la chancelière avec une moustache « made by Adolf ! » ou Monsieur Schäuble comme SS. Les réponses venant de Berlin, tout en étant moins émotionnelles, sont plutôt de l’ordre « pédagogique, celles d’un maître d’école campant sur ses principes et réprimant un élève récalcitrant. Des reproches continuels confirmant que la confiance qui devrait régner a été balayée d’un coup de balai. Dans de telles conditions il est difficile de retrouver son calme. C’est ce que se sont efforcés de faire Merkel et Tsipras. Le ton était modéré, respectueux, sans pour autant que les opinions se rapprochent.

Pour le premier ministre grec une situation désespérée. Il sait qu’il est à deux pas de la ruine, que de quitter la zone euro aurait des conséquences encore bien plus dures que la catastrophe actuelle. Qui voudrait encore placer de l’argent dans un tel cas de figure ? Le drachme vaudrait rien, même pas le prix du papier ! Le chômage augmenterait encore. Avec de telles perspectives il est étonnant que le gouvernement grec ne veuille pas se rendre à l’évidence : sans un compromis il n’y a pas de solutions. Le premier ministre a fait un appel à la chancelière, lui demandant de la soutenir dans ses démarches. Le fera-t-elle ? Ne se rend-t-il pas compte qu’elle ne peut pas céder, faute de se désavouer ? Mais elle a bien compris le message qu’il lui a adressé. Il faut à tout prix lutter contre la pauvreté qui s’instaure de plus en plus, donner aux jeunes une perspective d’avenir, leur donner du travail ! Ce n’est évidemment pas possible lorsque l’économie est sinistrée. Le Syriza, le parti au gouvernement, a fait des promesses qu’il ne pouvait pas tenir, étant dépendant du bon vouloir de Bruxelles. Cet exemple devrait faire réfléchir tous ceux qui croient pouvoir régler leurs problèmes avec les moyens du populisme. Lorsqu’on lit le programme économique et financier du FN toutes personnes au courant des affaires de ce monde se rendent compte à quel point il est dénué de sens. Que des pamphlets qui n’ont qu’un but : attirer les moutons dans son sillage. Le pire est que Monsieur Tout le monde apporte du crédit à de telles insanités. Il semble croire que c’est à coups de gueule que les problèmes pourront se régler en une nuit. Entre les diatribes rhétoriques et la réalité il y a un fossé infranchissable. Marine Le Pen devrait en prendre de la graine. Ce qui se passe en ce moment à Athènes est du délire. Des politiciens essaient de s’agripper aux promesses de leur campagne électorale et veulent ignorer que sans l’aide des créanciers ils n’arriveront pas à les tenir. Ils ont été aveugles et ont voulu ignorer que tous ceux qui les ont soutenu financièrement avaient certaines exigences, Sans des réformes de fond, la Grèce ne recevra plus aucune aide. Il est peut-être navrant de constater que les riches ont plus de poids, mais c’est une évidence. Dans un tel contexte il devra se plier finalement aux exigences émises par l’ex-troika. Un Waterloo pour Alexis Tsipras !

pm

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Pierre Mathias

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