Il était à prévoir qu’après la catastrophe de Fukushima le nucléaire en prendrait un sacré coup. Avera, une des entreprises « fleuron » de l’industrie français a fait une perte de 4,8 milliards d’Euro en 2014. Sans un plan d’économie qui devrait s’élever à 1,6 milliard d’euros d’ici 2017, elle court à la catastrophe. C’est en baissant les investissements que le groupe, détenu à 87% par l’état, voudrait y arriver. À mon avis pas la bonne méthode pour un produit qui ne peut que survivre en étant à la pointe du progrès technologique. Il est aussi question d’une restructuration interne qui éliminerait peu à peu l’énergie renouvelable, jusqu’à présent fortement déficitaire. Le groupe a passé une provision de 557 millions d’euros en 2014, vient s’y ajouter 720 millions de pertes pour le calamiteux projet de l’EPR finlandais. Un revers pour tous ceux qui comme moi y voient un gage d’avenir.

Se concentrer sur le nucléaire est peut-être raisonnable au point de vue économique, mais sûrement pas à long terme. Tant que le danger d’une catastrophe comme celle du Japon ne peut être écartée, il est permis d’en douter. Puis il y a deux autres facteurs : ceux des déchets et ceux des réserves d’uranium. Ces dernières ne sont pas indéfinies. François Hollande préconise un rapprochement avec l’EDF. Cela n’a pas déclenché des cris de joie, d’autant plus que « le grand électricien » a une dette de 34 milliards d’euros (contre 5,8 milliards pour Areva). Cette mauvaise nouvelle est un frein de plus dans la lutte des réformes entamées afin de redresser l’économie et les finances de la France. Avec l’option du nucléaire, le pays s’est trop engagé dans un domaine. Le grand mérite de l’Allemagne est d’avoir dès la fin de la guerre misé sur la diversité. Ce qui se passe actuellement démontre à quel point des « projets prestiges » peuvent échouer lorsqu’ils sont vulnérables comme le nucléaire. La Chine est probablement un bon client actuellement, mais elle s’adaptera rapidement en reprenant les technologies à son compte. Il serait dangereux d’y voir une rédemption ! Il ne fait aucun doute que le marché est dépendant de faits extérieurs comme le tremblement de terre de Fukushima. Je sais qu’il n’est pas possible de changer rapidement le fusil d’épaule, mais cette catastrophe devrait servir de réflexion. Je doute fort qu’il soit possible en peu de temps de redresser la barre. Bien sûr, il faut faire de gros efforts en ce qui concerne les exportations, mais n’oublions pas que les Russes sont eux aussi très actifs dans ce domaine. Sans une diversification je ne vois pas comment il serait possible de s’en sortir. Une fois de plus il faudra agir dans la précipitation, il en va des 45 000 emplois. Même si l’agence internationale de l’énergie nucléaire prévoit une croissance mondiale de 30% jusqu’en 2030, je me permets d’en douter. Personne aurait pu prévoir que le Japon soit obligé de mettre en veilleuse toutes ses centrales. Peu à peu il est prévu qu’elles redémarrent, mais la peur reste ancrée. C’est la raison pour laquelle je me méfie des statistiques. Ai-je raison ? Je le pense car c’est un pari qui ne tient pas compte des revers que pourrait subir l’industrie nucléaire. C’est la raison pour laquelle je suis un inconditionnel des énergies renouvelables.

pm

http://www.liberation.fr/economie/2015/03/04/les-plans-d-areva-pour-se-tirer-d-affaire_1213905

Pierre Mathias

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