C’est le droit le plus absolu des parlementaires d’un parti majoritaire de ne pas voter pour un texte de loi qu’ils rejettent en partie. Cela aurait été le cas d’une trentaine de frondeurs du groupe socialiste. Lorsqu’on ajoute 25 députés qui se seraient abstenus, Manuel Valls n’avait pas d’autre solution que de faire intervenir le 49-3, pour éviter de faire capoter la loi Macron. Il a engagé ainsi la responsabilité du gouvernement et doit se soumettre à une motion de censure qui a été réclamée par l’opposition. Le Premier ministre a été forcé d’employer la méthode forte, que je trouve au point de vue démocratique assez contestable.

Devait-on en arriver là pour une loi qui par bien des points ne pouvait pas être considérée comme étant fondamentale ? Lorsqu’on compare l’agenda 2010 du chancelier Schröder, ce n’est qu’un gadget. Mais il est très important de mettre en place des mesures ayant pour but de donner un signal à l’économie, prouver que les gouvernants sont parfaitement conscients des problèmes qu’elle doit aborder actuellement. Un échec aurait été un mauvais signal. Mais le 49-3 doit aussi être considéré comme une érosion de la majorité. Il serait fatal dans des temps difficiles qu’une instabilité parlementaire s’instaure en France. Personne ne peut le souhaiter à par le FN qui a le vent en poupe. L’UMP est complètement instable et mettra du temps pour remonter la pente. Le PS n’est pas en période de symbiose avec le peuple. Il laissera des plumes aux prochaines élections départementales. Mais ce qui prime tout d’abord c’est le sentiment de dérive que ressent tout citoyen lucide. À juste titre il n’accepterait aucune combine électorale. Manuel Valls a le devoir de trancher, il l’a fait ! Il est certain que les députés socialistes le soutiendront. Cet incident – s’en est un, pas plus – démontre à quel point il est difficile de mettre des réformes en place. Les charges imposées aux citoyens ont atteint une limite qu’il ne faudrait pas dépasser, faute de voir arriver au pouvoir les populistes de tous crus. L’exemple grec est évocateur. Lorsque les gens sont désespérés, ils recourent à la roulette russe, quitte à se flinguer. Il faut à tout prix éviter un tel phénomène en France. Lorsqu’on voit que les apprentis-sorciers sont à l‘œuvre il y a de quoi « avoir les jetons ! ». Mais il serait aussi erroné de ne pas rénover nos infrastructures. Emmanuel Macron ne devrait pas se faire intimider par le camouflet que le gouvernement a essuyé mardi. Pour effacer les effets pervers du 49-3, il faudra qu’il redouble d’activités. Ce serait à mes yeux avant tout de donner les moyens à l’économie de se ressaisir. Chaque chômeur en plus est une catastrophe. Le maître-mot doit être la relance ! Et ceci pas au détriment du peuple ! Et si elle intervient comme je le souhaite, les bénéficiaires devraient être les plus démunis, non pas les spéculateurs. Ne nous faisons pas d’illusion : le gouvernement est en sursis. Il faudra qu’il tienne plus compte des aspects sociaux, sinon il n’est plus crédible. C’est le message que les frondeurs ont voulu faire passer. Le refus d’accepter toutes nouvelles formes du néolibéralisme.

pm

http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/02/17/du-49-3-a-la-motion-de-censure-une-journee-de-tractations-a-l-assemblee_4578411_823448.html

Pierre Mathias

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