Le débat actuel à l’UMP entre une droite plus radicale autour de Nicolas Sarkozy et le centrisme prôné par Alain Juppé démontre que dans notre société actuelle il y a un profond malaise. Les paroles populistes semblent avoir plus de résonance que la raison. Les citoyens tournent de plus en plus le dos à une certaine neutralité. Est-ce une conséquence de la crise de vouloir croire que tous ceux qui « tranchent » se trouvent dans le vrai ? La recherche d’un « grand timonier » est malheureusement à nouveau d’actualité. Remettre son destin entre ses mains est un signe de commodité. Surtout ne pas se mouiller, décider de son avenir !
Ceux qui politiquement se trouvent au centre sont forcément constamment à la recherche de nouvelles options, car ils n’agissent pas d’une manière dogmatique. Cela demande un regain de réflexion politique. Basé sur le pragmatisme, il demande un effort intellectuel, car il remet constamment en question ce qui aux yeux d’une majorité devrait être acquis. La tendance au sein de l’UMP représentée par Alain Juppé est empreinte forcément d’un esprit de tolérance. Ceux qui lorgnent plutôt du côté du FN craignent que l’on puisse accuser un jour leur parti de faiblesse. Ils n’ont pas pour autant remarqué qu’ils ont manqué le coche. Le discours qu’ils tiennent ressemble plutôt à une action de récupération. Faire revenir les moutons au bercail, leur faire comprendre que les amis de Marine Le Pen ne sont pas des magiciens qui d’un coup de baguette magique peuvent faire inverser la vapeur. Ils se font des illusions ! Pourquoi soutenir une version édulcorée du FN ? Ne vaut-il pas mieux pour eux d’être des leurs que de soutenir un leader sur le déclin ? C’est le drame de Nicolas Sarkozy qui se métamorphose de plus en plus en un récupérateur. Ses propos démontrent à quel point il est en train de courir après tous ceux qui délaissent le bateau. Un homme averti comme Alain Juppé s’en aperçoit bien, la raison pour laquelle il essaie de se démarquer de lui. D’un point de vue tactique je lui donne raison de vouloir rouvrir des portes du centre, mais sans un profil plus marqué, il risque de courir à l’échec. Il est très difficile de « vendre » la tolérance, l’esprit de synthèse. C’est un exercice intellectuel auquel peu d’électeurs veulent se soumettre. Et pourtant ce serait un moyen de rassembler les hommes et les femmes de bonne volonté que ce soit à droite comme à gauche. Ne serait-il pas temps d’abattre les tabous ? On en est plus loin que jamais, la raison pour laquelle je crois que la mayonnaise ne prendra pas. C’est tout le dilemme de l’UMP. D’un côté faire des ronds de jambes du côté de la droite extrême, de l’autre se faire passer pour des libéraux. La défaite du candidat du Doubs est dans un tel contexte significative. La perte d’identité de la droite modérée y est pour beaucoup. Cette situation est inquiétante bien au-delà des frontières du parti, car elle incite les politiciens à être plus radicaux. En lançant des paroles discriminatoires ils touchent plus de monde. La raison pour laquelle le centre ne doit pas être caduque, au contraire. D’où la démarche d’Alain Juppé.
pm