Le nouveau secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, est un homme du passé, si on en croit ses dires. Vouloir diminuer le temps de travail à 32 heures par semaine pour, comme il le dit, lutter contre le chômage, est à mes yeux une aberration. La loi des 35 heures instaurée par le gouvernement Jospin en 2000 a été dans son ensemble un échec. Au lieu d’améliorer la situation sur le marché de l’emploi, elle a accentué le marasme, en particulier chez les PME. Très vite les intéressés se sont aperçus qu’il ne s’agissait pas seulement d’une simple répartition, mais que le coût du travail s’en trouvait augmenté. Pour les employés et pour les patrons cela représente encore moins d’argent.
La compétitivité en a pris un sacré coût, car les prix de vente sont trop élevés. Les conséquences : des rationalisations outre mesures et la délocalisation des entreprises à l’étranger. Au début je croyais que les 35 heures pouvaient effectivement créer une répartition plus juste. J’en suis rapidement revenu. Et puis il y encore un problème de taille : les gens se sont de plus en plus désintéressés à leur travail, à l’avenir de l’entreprise pour laquelle ils travaillent. Les loisirs ont pris de plus en plus de place, ce qui provoqua une baisse de la créativité et de la productivité. Le Président a beau parler du génie français, celui en a pris un sacré coup. Autre constatation : sans une adaptation des heures de travail à l’offre et la demande, nous assistons à une sclérose de l’outil industriel. Vouloir mettre tout le monde au même régime n’est pas une solution miracle. Pour les partisans du moindre effort, pour qui je dois passer probablement pour un réactionnaire, les propos du secrétaire général de la CGT abondent dans leur sens. Il y en a malheureusement beaucoup, n’en déplaise aux chantres d’un égalitarisme dur et pur. C’est la raison pour laquelle je pense que Philippe Martinez fait du clientélisme. Un syndicaliste – j’en suis un ! – ferait mieux de faire comprendre aux militants, que sans profits les emplois sont menacés. N’a-il pas remarqué qu’il n’y a presque plus rien à redistribuer ? Au lieu de vouloir abaisser les heures de travail, il ferait mieux de tout mettre en œuvre pour activer la relance. Mais cela demande des efforts et je doute que cela soit très populaire. Ce n’est que lorsque l’économie tourne qu’il est possible de revendiquer plus de justice sociale. L’augmentation des salaires en fait partie. Je pense qu’avec une telle pédagogie il serait possible d’obtenir gain de cause. Puis il y a un autre fait que M. Martinez semble ignorer. Près de 30% d’électeurs votent FN, Un parti totalement opposé aux 35 heures. Parmi eux beaucoup de transfuges du PC. Il serait temps que la CGT se modernise, abandonne une doctrine qui a échoué. Elle ferait mieux de prôner le progrès social et économique. Je suis plutôt pour la participation, pour l’actionnariat au sein du personnel. Les revenus doivent être partagés équitablement entre les partenaires sociaux. Le patron autocrate doit être déboulonné. Le travail doit être revalorisé et être mis à égalité avec le capital. Reprendre une doctrine qui a échoué est un signe de sclérose. Avec cela on ne sauvera pas le pays !
pm