Le mouvement créé par Pablo Iglesias a rassemblé samedi des dizaines de milliers de personnes à Madrid. La victoire d’Alexis Tsipras en Grèce a été un catalyseur. Le signe que l’Europe du Sud est en train de se rebiffer contre les pays riches du Nord de l’UE. Vu la misère où est plongé le peuple à cause des mesures d’austérité, ce n’est pas étonnant. Elles ne pouvaient pas marcher, n’en déplaise à Madame Merkel. Sa politique est en train de subir un échec cuisant. Il est impossible de faire des réformes contre les citoyens. C’est la première leçon qu’elle devrait en tirer.

Ce n’est pas le fait qu’une nouvelle gauche se forme qui me gêne, mais c’est son populisme. Il ne suffit pas de prôner la fin des mesures d’économie ; il faut les remplacer par un programme qui puisse être financé. Et ceci pas au détriment de ceux qui ont prêté des milliards d’euros. Les créanciers n’ont pas de raisons de faire des cadeaux. Pourquoi le feraient-ils ? Pour essayer de récupérer un petit reste de la dette ? Régler son dû me paraît être la chose la plus naturelle du monde, d’autant plus que la récession a été causée par la corruption, par le clientélisme et par l’incapacité des dirigeants de mener correctement leur pays. Comme on le voit, l’Europe se divise de plus en plus, ce qui ne m’enchante pas. Que faire ? Même si on mettait sur pied un plan Marshall pour donner un coup de fouet à la relance, les résultats se feraient attendre. Il est probable qu’en Espagne « la marche pour le changement » provoquera un séisme. Tout cela a une origine qui remonte bien plus loin que la crise financière de 2008. L’UE a été jusqu’à ce jour dans l’incapacité de mettre une Europe sociale sur pied, où l’homme a la priorité. Au lieu de cela, elle a été le porteur d’eau des lobbys, des banquiers. La dignité de chacun, qu’il soit indigent ou peu privilégié, ne préoccupait pas outre-mesure les grosses têtes à Bruxelles. Ce manque d’empathie souille aujourd’hui le grand projet qu’est la construction de l’Europe. Le deuxième point d’achoppement est le fait que l’UE n’est pas encore tout à fait démocratique, même si de grands progrès ont été faits. Il n’est pas étonnant que le nouveau premier ministre grec ait mis les représentants de la commission à la porte. Il est vrai qu’ils ont manqué de doigté. Il serait fatal que le même phénomène se reproduise une seconde fois en Espagne. Le Podemos sera obligé, s’il arrive au pouvoir, de mener une politique identique à celle du Syriza. Que faire pour freiner une évolution qui pourrait signifier la fin de l’UE ? Pour rétablir la confiance, il faut que la communauté mette le plus rapidement en place une politique de relance. Lorsque des pays ont plus de 25% de chômeurs, dont une grande partie des jeunes, il ne faut pas d’étonner qu’un vent de révolte souffle. Il ne faut pas attendre de diplomatie de la part de tous ceux qui ont le ventre creux. Le raz-le-bol n’est pas toujours de bon conseil. Dans le cas qui me préoccupe, il provoque des alliances contre-nature comme c’est la cas en Grèce. Il n’y a pas de quoi pavoiser !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/01/31/la-gauche-radicale-espagnole-rassemble-des-dizaines-de-milliers-de-sympathisants_4567405_3214.html

Pierre Mathias

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