Contrairement à l’avis pour l’instant non confirmé du gouvernement allemand, je crains fort qu’un départ de la Grèce de la zone euro puisse faire effet de domino. La position de l’opposition n’est pas si éloignée de celle de certains pays en difficultés, qui souffrent de la récession. Si Alexis Tsipras devenait le premier ministre et déclarait caduque la rigueur budgétaire, la position des créanciers devrait s’y adapter. Ils devraient se déclarés prêts à accepter une remise partielle de la dette, une pilule dure à avaler. Certains de ses arguments ne sont pas tout à fait injustifiés. Avec une économie ruinée, avec plus de 27,7% de chômeurs, la Grèce ne pourra dans les conditions actuelles jamais rembourser les sommes astronomiques qui lui ont été accordées. Sans une relance il ne peut y avoir de solutions. Aujourd’hui on en est plus éloigné que jamais. La preuve que la « méthode allemande », qui consiste à faire tout d’abord le ménage budgétaire avant de de réinvestir dans une économie sinistrée, n’est pas la solution pour la Grèce. À part le tourisme, elle ne possède pas de « locomotives » pouvant générer des profits. Il faudrait tout remettre à plat pour arriver à une autonomie financière. La plupart des économistes sont d’accord que dans les conditions actuelles ce n’est pas possible. Revenir aux drachmes pourrait avoir un effet momentané. Il permettrait grâce à une forte dévaluation d’attirer de « nouveaux clients ». Mais pour les importations, qui sont vitales pour l’expansion de l’industrie, les prix seraient tels, qu’elles seraient caduques. Quelles seraient les entreprises qui pourraient encore acheter des machines-outils ? Sans parler du prix du pétrole ! Attendre avec un changement de devises un miracle est carrément naïf. Et les dettes ? Elles ne cesseraient d’augmenter. Alexis Tsipras le sait parfaitement. C’est ce qui lui permet d’exercer une pression sur les pays partenaires de l’UE. Qu’on le veuille ou non, il faudra négocier. Peut-être l’occasion de trouver enfin un nouveau mécanisme. Il est intéressant de constater qu’une grande majorité de Grecs ne veulent pas abandonner l’euro. Les acculer dans un cul-de-sac en faisant circuler des bruits, ne les convaincra pas de changer d’option politique. Je crains que par dépit ils votent pour l’enfant terrible de leur nation. Une chose devrait être aussi évidente à Madame Merkel : quand on a le ventre creux, on ne peut pas réagir autrement que d’une manière émotionnelle. Faire entendre la raison est un acte presque impossible. Si Alexis Tsipras leur promet un avenir meilleur, ils le croiront. Tous ceux qui les ont gouverné jusqu’à présent ont à leurs yeux échoués. Comment leur faire croire que ces mêmes personnes pourront les sortir d’affaire ? Mais il y aussi un fait objectif : l’UE et le FMI devront faire des compromis s’ils veulent arrêter la débandade. Cela aura des conséquences pour l’avenir de l’Europe toute entière. Le leader de gauche le sait parfaitement. C’est ce qui rend sa position si équivoque. Vouloir l’éradiquer du parquet diplomatique est une utopie. C’est ce qui rend sa position aussi forte. On aurait jamais dû en arriver là. C’est là que je vois l’échec d’une politique voulue et inspirée par Berlin.

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/01/04/l-allemagne-envisage-a-nouveau-la-sortie-de-la-grece-de-la-zone-euro_4548942_3214.html

Pierre Mathias

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